Après avoir créé la compagnie des Sept, il se vit proposer d'animer une « Semaine d'art dramatique » en Avignon (1947). Pour l'occasion, il monta Richard II de Shakespeare dans la Cour d'honneur du palais des Papes. Même si cette expérience n'obtint qu'un succès limité, le Festival d'Avignon était né, et Vilar en fit l'un des rendez-vous culturels les plus importants de la seconde moitié du 20ème siècle.
En 1951, il prit la direction du Théâtre national populaire (TNP), où ses mises en scène particulières – aucun décor, rideaux noirs, jeu centré sur la force du texte et appuyé sur l'immensité de l'espace – rompait de façon signifiante avec la mode décorative du moment. Mais, pour lui, cette approche exigeante du théâtre n'était pas incompatible avec le grand public, bien au contraire. Pour le prouver, Il entreprit de mettre en place une politique permettant d'ouvrir le théâtre aux classes défavorisées. Ainsi, au TNP tout particulièrement, les conditions de réservation des places, d'accueil et de placement dans la salle favorisèrent la venue de personnes peu fortunées. Grâce à cette politique, les plus modestes purent découvrir des œuvres de Shakespeare, Molière, Brecht, etc. Dans le même esprit de décloisonnement, il ouvrit le Festival d'Avignon à la danse, avec Maurice Béjart et au cinéma, avec Jean-Luc Godard.
Cependant, n'obtenant pas les moyens qu'il jugeait nécessaires, il démissionna du TNP en 1963. Contesté en 1968, il garda la direction du Festival d'Avignon jusqu'en 1970, année de création du
festival « off », avant de mourir l'année suivante à Sète, sa ville natale.
Héritier des tenants de la culture populaire, et même si son utopie n’atteignit pas les résultats escomptés, il fut l'homme de théâtre qui, en France, porta le plus loin l'idée d'un art accessible au plus grand nombre et réussit malgré tout à renouveler considérablement le public grâce à ses contacts avec les syndicats et le milieu enseignant.
Chef de troupe rigoureux, à l'allure sévère et à la mentalité janséniste, par son action et ses écrits théoriques il reste une référence capitale dans le théâtre moderne.
Depuis sa disparition, des dizaines de bâtiments et de lieux publics portent son nom, dont le théâtre Jean-Vilar à Suresnes, berceau du TNP.
Jean Vilar fut inhumé dans la sépulture familiale au cimetière marin de Sète qui surplombe si joliment la Méditerranée.