Rapprochement avec l’occident mais aussi avec Israël, ce que lui reprocha l’ayatollah Khomeiny qui, d’une part, voulait la soumission du Shah à la loi islamique et, d’autre part, craignait son despotisme avec l’Iran devenu la vitrine du libéralisme.
Mais le Shah ne l’entendait pas ainsi : en 1962, dans l’idée d’abolir toute forme de féodalité du pays et de le transformer en une puissance économique et industrielle mondiale, il lança toute une série de réformes, la révolution blanche, notamment une réforme agraire allant à l’encontre de l’intérêt des mollahs, gros propriétaires. Alors que Khomeiny exigeait un état islamique, le Shah voulait séparer la politique de la religion. Et Khomeiny d’attaquer le Shah par des prêches incendiaires. L’ayatollah fut condamné à l’exil (1964). Se faisant, le Shah venait d’ouvrir une boîte de Pandore.
Soutenu par les Etats-Unis, le régime autoritaire mis en place pouvait compter sur la Savak, police politique, pour réprimer férocement toute opposition.
En 1967, à la manière des princes perses de l'Antiquité, le Shah se couronna « roi des rois » et, en 1971, organisa les fêtes mégalomaniaques de Persépolis où le monde entier fut convié, sauf le peuple iranien.
Mais son état de grâce auprès des puissances étrangères sombra avec la crise du pétrole. Profitant de la paralysie du marché pétrolier, consécutive à la guerre du Kippour, et s’insurgeant contre les compagnies pétrolières étrangères, il vit un tremplin pour l’économie iranienne et opta pour un durcissement du prix du pétrole qui provoqua le choc pétrolier de1974.En réaction, les occidentaux modifièrent leur comportement avec des économies d’énergie : rappelez-vous du fameux : « La France n’a pas de pétrole, mais a des idées ». La baisse du dollar s’en mêlant, l’économie de l’Iran entama sa lente asphyxie. En 1975, le Shah, véritable dictateur, élimina tous les partis d’opposition au profit d’un seul, le sien, celui de la Résurrection. Alors que son lien avec le peuple était rompu et que les rancœurs de toutes sortes s’accumulaient, il vivait dans l’illusion d'une popularité perdue depuis des lustres. De son exil, Khomeiny avait eu le temps de méditer sur l’avenir du pays et, même à distance, poursuivaient ses prêches séditieux. Le Shah avait voulu éradiquer l’islam chiite, mais c’est celui-ci qui gagna. Atteint d’un cancer resté ignoré de la population, la révolution islamique se mettait en marche avec des manifestations de plus en plus importantes, dont celle du 8 septembre 1978 réprimée dans le sang. Tout bascula le 16 janvier 1979. Contraint à l’exil, il l’entama par l’Egypte. Mais, sous la pression de Téhéran, cet exil se transforma en une succession de portes qui s’ouvraient et se refermaient au bout de quelques semaines. Finalement, de retour en Egypte, extrêmement diminué par la maladie, il mourut au Caire.Deux jours plus tard, si son ami Anouar el-Sadate lui organisa de grandioses funérailles, hors mis quelques ex-présidents et ex-rois, aucun gouvernement occidental ne souhaita se compromettre : on se contenta des ambassadeurs. Lui que tous avaient pourtant tellement courtisé…