A propos du concile de Trente, il me paraît important, même brièvement d’en rappeler les fondements. Bien qu’ayant commencé à Trente, il se tint en fait, dans sa grande majorité, à Bologne. Ouvert le 13 décembre 1545 pour traiter de l’exaltation de la foi chrétienne, de l’extirpation de l’hérésie, de la réforme du clergé, des chrétiens de la paix et de l’union de l’Eglise, il vit sa conclusion dix-huit ans plus tard, le 5 décembre 1563 ! Dix-huit ans d’un travail considérable rejeté par les protestants et auquel les catholiques furent loin d’adhérer à l’unisson ! Sans compter la tiédeur de certains Etats concernés.
Revenons à Claude d’Espence. Rattaché à la maison du cardinal Charles de Lorraine, ce dernier l’employa lors du colloque de Poissy en 1561 pour trouver un compromis à la déchirure religieuse, quitte à faire quelques concessions. Mais le talent de Claude d’Espence ne put rien contre les positions intransigeantes du cardinal de Tournon et de Théodore de Bèze qui préludaient l’échec du concile de Trente.
Pour le récompenser de ses mérites, le pape Paul IV avait bien songé dès 1555 à le faire cardinal mais, curieusement, notre homme ne trouva pas les appuis nécessaires pour soutenir sa candidature.
A défaut, Claude écrivit de nombreux ouvrages aussi bien Latin qu’en Français, traitant aussi bien de la Consolation dans l’adversité, de l’Institution d’un prince chrétien et plus tard des mariages clandestins, qui fut le fil conducteur de l’édit d’Henri II en 1556, et de bien d’autres sujets. En fait, depuis le colloque de Poissy, Claude se consacrait à l’étude et à l’écriture. Il avait abandonné le cardinal de Lorraine qui naviguait dans les méandres d’une profonde réflexion sur la définition de la Transsubstantiation : « Changement total de substances du pain et du vin en substances du corps et du sang du Christ au moment de la consécration de ces espèces par le prêtre pendant la messe ». De quoi occuper de longues soirées !
Malgré son catholicisme indiscutable, Claude d’Espence s’éteignit laissant derrière lui une réputation de modérantiste toute érasmienne.
Il fut inhumé en l'église Saint-Côme-Saint-Damien où sa tombe se situait à l’entrée de la chapelle des Fonts, et près de la porte de la sacristie. Sa statue, posée sur une colonne de pierre, le représentait en costume de docteur, tête nue et les mains jointes, agenouillé devant un prie-Dieu portant un livre ouvert. Un cartouche décoré de ses armes était sculpté sur le socle du monument.