Reconnu coupable de « conjuration pour tenter de conquérir le pouvoir absolu et de crimes contre la paix avec violations de trente-quatre traités internationaux », mais finalement déclaré irresponsable en raison de son état mental, il ne fut pas condamné à mort.
C’est ainsi, qu’après avoir été le dernier prisonnier de la Tour de Londres, il fut pendant trente ans le seul et dernier client de la forteresse de Spandau, gardé tour à tour par des militaires français, anglais, américains et soviétiques. Abandonné à sa déchéance moral et physique, bien des années plus tard, au regard d’autres peines, la plupart de ses juges estimèrent que la sienne avait été excessive.
Le 17 août 1987, âgé de 93 ans, après quarante-six ans de détention, on le retrouva pendu avec un câble électrique.
Rudolph Hess a-t-il été « suicidé » ? Sa famille l’a toujours cru. Encore un sujet à controverses…
Néanmoins, on peut penser que l’Allemagne poussa alors un soupir de soulagement, car la détention du bonhomme lui coûtait pas moins de 8 millions de Francs par an soit 1.219.592 Euros.
Afin d’éviter que sa sépulture ne devienne un lieu de pèlerinage néo-nazi, son inhumation était prévue dans un autre endroit que dans le caveau familial. Finalement c’est là qu’il repose entouré des siens.
Sur son épitaphe on peut lire : « Ich habe gewag » signifiant « J’ai osé » ; mais osé quoi ? Et chacun d’y aller de son interprétation.
Depuis sa mort, conformément à ce qui était prévisible, le jour de l’anniversaire de sa mort, sa sépulture est le lieu de rassemblement après une « marche pour la mémoire ». Interdites, de nouveau autorisées, le problème reste entier à régler.
Juillet 2011
La solution vient d'être trouvée. La paroisse dont dépendait la sépulture de Rudolf Hess ayant refusé de le renouvellement de la concession de leur encombrant résident. La tombe a été détruite.
Après avoir été exhumés, ses restes seront crématisés et dispersés en mer.
"L'exhumation, moins d'un mois de l'anniversaire de sa mort, a eu lieu à l'abri du public et sans que les médias en soient informés, a précisé Roland Schöffel, maire-adjoint de Wunsiedel, confirmant des informations du Süddeutsche Zeitung. "Nous espérons ainsi ne plus avoir ici ce fantôme brun", a-t-il ajouté.
La paroisse protestante de Wunsiedel, une commune de moins de 10 000 habitants, proche de la frontière tchèque, a décidé de ne pas renouveler la concession familiale où reposait l'ancien responsable nazi pour prévenir les rassemblement néo-nazis à l'anniversaire de son suicide, qui avait eu lieu le 17 août 1987.
Les héritiers de Hess ont décidé que ses restes seraient incinérés et ses cendres dispersées en mer, selon la Süddeutsche Zeitung.
Considéré comme un martyr dans les milieux néo-nazis, l'ancien dauphin de Hitler est l'objet d'un culte des extrémistes de droite en Allemagne, qui se sont longtemps rassemblés devant sa tombe, tous les ans, le 17 août.
La municipalité de Wunsiedel était toutefois parvenue à faire interdire ces rassemblements au terme de plusieurs années de bataille judiciaire. En 2004, quelque cinq mille néo-nazis s'étaient encore réunis dans la petite ville, au grand dam des habitants. Malgré cette interdiction, des nostalgiques du Troisième Reich continuaient de venir dans la commune.
Ancien numéro deux du parti national-socialiste (NSDAP) au début du règne d'Adolf Hitler, Rudolf Hess avait été condamné à la réclusion à perpétuité lors du procès des dignitaires nazis à Nuremberg.
Il s'est suicidé au bout de quarante et un ans d'emprisonnement dans sa cellule de la prison de Spandau, à Berlin-Ouest, dont il était le seul détenu.
Rudolf Hess, qui s'était rendu en Grande-Bretagne en 1941 pour tenter d'y négocier un accord de paix, avait disposé dans son testament qu'il voulait être enterré dans le cimetière protestant de Wunsiedel, où ses parents avaient une maison de vacances. La paroisse avait accepté, pour respecter ses dernières volontés, raconte le Süddeutsche Zeitung. Mais devant l'afflux annuel de néo-nazis, la commune a finalement décidé de ne pas renouveler la concession, qui arrive à échéance le 5 octobre 2011.
Ses descendants avaient pourtant déposé une demande pour renouveler la concession de vingt ans. Mais la petite-fille de Rudolf Hess a assuré au cours d'un entretien avec des représentants de la paroisse qu'elle souhaitait désormais que la tombe soit détruite afin d'éviter qu'elle ne demeure un lieu de pèlerinage des milieux d'extrême droite. "Elle a dit qu'ils ne voulaient plus rien avoir avec ça", a souligné l'ancien élu du canton, Peter Seisser. "Nous étions tous très soulagés", a-t-il ajouté.
La tombe de Rudolf Hess comporte une inscription énigmatique – "J'ai osé" –, ainsi que les dates de naissance et de mort du responsable national-socialiste. La stèle a également été détruite.
Le Monde.fr