Cette époque, à l’atmosphère trouble et inquiétante, voulait que les querelles de clans, aussi bien personnelles que politiques, se réglassent dans le sang. C’est ainsi que le dimanche 27 avril 1578 le marché aux chevaux (actuelle place des Vosges) à Paris fut le témoin d’un des plus célèbres duel de notre histoire. Il était 5 heures du matin.
Caylus, Maugiron et Livarot, partisans d’Henri III, s’apprêtaient à un duel à mort contre Entragues, Ribérac et Schomberg partisans d’Henri de Guise, le Balafré. La raison de ce duel ? Une histoire de dessous de jupons entre Caylus et Entragues. En fait, la haine engendrée par les circonstances politiques du moment, à laquelle s’ajoutait l’avidité de se distinguer, ne pouvait que décupler la volonté d’une réelle mise à mort. Tous furent tués ou blessés. Maugiron et Schomberg moururent sur place, Ribérac expira le lendemain, Livarot et Entragues, blessés, en réchappèrent.
A la nouvelle de la mort de son mignon Maugiron, Henri III fit parvenir une lettre au père du défunt en lui disant que la mort de ce dernier était survenue « avec très grand honneur…tant aimé de son maître qu’il se pouvait aimer ».
Entre temps, il s’était précipité au chevet de Caylus, transpercé de dix-neuf coups de dague, avait fait mille recommandations et fait couper une mèche de cheveux du moribond qu’il conserva pieusement. Caylus résista un mois à ses blessures avant d’expirer. Henri III lui ôta de sa main les boucles d’oreilles qu’il lui avait attachées lui-même.
Le roi fit inhumer Maugiron et Caylus en grande pompe. Il commanda à ses poètes d’exprimer sa peine puis, les considérant comme victimes de leur dévouement monarchique, fit ériger deux superbes mausolées de marbre chargés d’épitaphes en prose et en vers, en latin et en français: on y comparait Maugiron à Horatius Coclès et à Annibal, parce qu’il était borgne comme eux.