RETOUR PERSONNALITES  HENRI III
Caricature d’un mignon dénonçant son caractère efféminé.<br>Parue en 1605.
La rotonde des Valois surmontée d’un dôme ici restitué mais <br>jamais construit. A droite : la basilique (archives  départementales de Seine Saint-Denis)
© MCP
HENRI III (1551- 2 août 1589) Roi (1574-1589)
Basilique Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)
Cœur:  Eglise du couvent de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine)
De ce coquet aux colères effroyables sa mère en fit un va-t-en-guerre qui fit preuve d’un courage indéniable. C’est entre autres sur cette réputation flatteuse que lui fut proposé le trône de Pologne en 1573 dont il s’échappa pour s’asseoir sur celui de France.
Hélas, dans notre mémoire, l’image de l’enfant préféré de Catherine de Médicis est davantage associée à des boucles d’oreilles, au bilboquet et aux mignons qu’à celle, pourtant bien réelle, d’un roi qui lutta pour donner une nouvelle assise au pouvoir royal ébranlé par les princes qu’il lui fallait impérativement mettre au pas sous peine de perdre son trône.
 
Ses mœurs et les mignons ? Si malgré un épluchage rigoureux de sa vie et de sa correspondance on ne trouva jamais le moindre indice d’homosexualité, les pamphlets et sonnets de tous poils de l’époque, comme certains "témoignages" offusqués du temps, rapportent une franche dépravation du roi. La présence à ses côtés d’une pléiade de favoris qu’il entoura d’une affection extrême et combla de faveurs, les fameux mignons, contribua beaucoup  à entacher la réputation d’Henri III dans notre mémoire. Serviteurs à tout faire, gardes du corps,  hommes de main au besoin, voilà ce qu’étaient la plupart des mignons qui entouraient les grands seigneurs du temps. Mais Henri III choisit les siens sur critères esthétiques.  Après la disparition brutale de son grand amour, Marie de Clèves, Henri s'entoura de ces éphèbes jacassant qui contribuèrent largement à desservir sa réputation.
Parents  
► Henri II
► Catherine de Médicis
 
Epouse  
► Louise de Lorraine
 
Enfants   ►  Aucun: malgré les pélerinages et les eaux médicinales, Louise de Lorraine ne donna pas d'héritier.
L’immense mausolée qu'était la rotonde, fut détruit en 1719. Les dépouilles des Valois qu'il abritait furent déplacées dans la basilique traditionnelle.
En 1793, le caveau des Valois fut profané et les restes d'Henri III jetés dans une fosse. En 1817, ils prenaient place dans l'ossuaire de la basilique.
 
Le monument au coeur
 
En 1594, Charles Benoise, secrétaire particulier d'Henri III et maître des comptes, fit ériger un premier monument comme carditaphe. En 1635, un second, commandé par le duc d'Epernon, prenait place dans la chapelle dédiée à la mémoire du roi.  Une colonne enguirlandée de lierre, symbole de l'amitié de l'ancien favori supportait un vase de bronze.
A la Révolution, l'ensemble démonté et déplacé avait disparu de l'ancienne église quasiment démolie en attendant la fin des travaux de la nouvelle commandée par Marie-Antoinette depuis 1785. Quand le 22 août 1798, Alexandre Lenoir sollicita l'autorisation de l'acheter à l'architecte Julien qui l'avait acquis en 1792, il n'était plus complet. Un an plus tard, Lenoir en devenait propriétaire pour son musée des Monuments français. Comme il le put, il reconstitua les parties manquantes.
A la fermeture du musée en 1816, il ne pouvait être question d'envisager un retour de la colonne sur son lieu d'origine où, faute de ressources suffisantes, le chantier de la nouvelle église de Saint-Cloud n'avait pas repris.
Selon le désir d'Alexandre Lenoir, ces "vestiges'" furent offerts au "Gouvernement" de Louis XVIII qui les fit transférer en la basilique Saint-Denis.
© MCP
Sources "Monument au coeur" : Etudes d'histoire de l'art offertes à Jacques Thirion -Ed. Ecole des Chartes, 2001-
(*) commentaire(s)
Puis, celui dont Pierre de l’Estoile écrivait « Henri de Valois aurait été un très bon prince s’il eût régné dans une bonne époque » expira. Pour parer au plus pressé on « emprunta » le plomb des tuyaux et des bassins des fontaines du château de Saint-Cloud pour confectionner le cercueil et l’urne des viscères. Le duc d’Epernon fit ériger dans une chapelle de l’église du couvent de Saint-Cloud une colonne de marbre rouge pour y recueillir le cœur du roi.
 
De son vivant, Henri III avait pensé faire tracer dans le bois de Boulogne six allées convergeant vers un rond-point  où on aurait installé un mausolée destiné à recevoir son cœur et ceux de ses successeurs. Chaque allée aurait été ornée des tombeaux des chevaliers de l’ordre du « Saint-Esprit » qu’il venait de créer ! Heureusement, les événements politiques ne permirent pas la réalisation de ce projet.
 
Saint-Denis étant aux mains de la Ligue, Paris dansant de joie à l’annonce de sa mort, sa dépouille fut amenée en l’église Saint-Corneille de Compiègne où l’on attendit des jours meilleurs pour son inhumation solennelle qu' Henri IV s’engagea à faire.
La paix revenue, Henri IV, qui semblait avoir relégué la dépouille de son prédécesseur dans un lointain recoin de sa mémoire, en refusa alors le transfert à Saint-Denis ! Il fallut attendre plus de vingt ans pour que, tout en en renâclant, il accordât enfin une sépulture royale à Henri III.
Henri IV avait deux bonnes raisons pour faire traîner l’événement. Des obsèques solennelles coûtaient très chères et l’état des finances du souverain justifiaient pour une fois sa pingrerie naturelle. Mais on lui avait surtout prédit qu’il serait lui-même inhumé dans l’abbaye huit jours après l’enterrement d’Henri III. Au regard des faits, il eut mieux valu qu’il attendît encore un peu puisque c’est exactement ce qui se passa.  
 
Une inhumation minable.
En juin 1610, le duc d’Epernon ramena le corps de Compiègne en la basilique Saint-Denis. Mais cette inhumation n’étant pas « officielle », les moines de l’abbaye ne recevraient aucun dédommagement pour ce labeur. De plus, leur sympathie allant naturellement aux Ligueurs, ils laissèrent définitivement en plan le sarcophage ! Pour porter le cercueil dans la nef, Epernon n’eut pas d’autre recours que d’en appeler à ses valets qui, en attendant la fin des débats avec les moines, étaient allés se rafraîchir dans un cabaret voisin. On raconte que les serviteurs enivrés laissèrent échapper le cercueil de plomb qui s’écrasa sur le sol avec fracas.
Enfin, il trouva sa place dans le caveau de la rotonde Valois auprès de ses parents et de ses frères.
Mais n’était-ce pas aussi pour Henri un moyen de bien marquer sa différence avec les princes factieux qu’il instaura ce rituel qui, avec Louis XIV, deviendra un modèle pour les cours Européennes ?
Parmi les mignons célèbres: François d’O, Jacques de Caylus, Louis de Maugiron ou Paul de Saint-Mégrin sans oublier les archimignons: Anne de Joyeuse et Jean-Louis Nogaret de la Valette, duc d'Epernon.
 
A l’origine le terme de « mignon » ne traduisait pas une relation homosexuelle du roi avec ses favoris. Un mignon était un familier, un favori. Le sens péjoratif et injurieux provient de la querelle entre les anciens qui n’acceptaient pas les usages italiens, et les jeunes qui, au contraire, les cultivaient avec délectation. Ces usages voulaient qu’on se lavât les dents comme le reste alors que l’eau salubre à Paris était rare et chère, qu’on changeât fréquemment de linge, qu’on se frisât…bref qu’on adoptât des usages, y compris vestimentaires, qui semblaient bien efféminés pour l’époque. La faiblesse de l’Etat ne pouvait que servir ce type d’attaques et ce, d’autant plus facilement qu’il était bien impossible au petit peuple de distinguer le vrai du faux.
Ils ont également la réputation d’avoir poussé le roi à adopté un ensemble de rites burlesques qui devait par la suite s’imposer sous le nom d’étiquette.
 
Les circonstances de la mort d’Henri III sont bien connues. Alors qu’il se trouvait à Saint-Cloud dans la maison de Gondi, un moine dominicain, Jacques Clément, prétextant lui apporter d’importantes nouvelles, fut introduit près du roi à qui il tendit des lettres. Henri, installé sur sa chaise percée, prit connaissance de l’une d’elles. A cet instant, prétendant avoir un message secret à confier, le moine s’approcha de lui et le frappa au bas-ventre. Souffrant, sentant la mort rôder, Henri III fit appeler Henri de Navarre qu’il nomma son successeur légitime.
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par Marie-Christine Pénin
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