Cette société, formée en Italie au début du 19ème siècle, avait pour but l'établissement d'un gouvernement démocratique, la réalisation de l'unité italienne et l'instauration de libertés garanties par une constitution. Elle se répandit en France, vers 1818, où elle y compta bientôt un grand nombre d'affiliés libéraux qui ne pouvaient s’exprimer par leur vote (la loi électorale ne le leur permettait pas). Parmi eux, des savants illustres comme Edgar Quinet, Augustin Thierry ou Victor Cousin, des officiers demi-soldes de l'armée impériale que la paix avait réduits à l'inactivité, des républicains sincères ou encore de jeunes militaires qui rongent leur frein comme les sergents de La Rochelle.
Tentant de soulever le peuple dans l’espoir de l’élection d'une Assemblée Constituante destinée à restaurer la souveraineté populaire, l’organisation se heurtait à l’indifférence des Français qui aspiraient à vivre enfin en paix. Leurs tentatives de soulèvement ne furent que des échecs. Malgré cela, l’estimant dangereuse, la police du gouvernement Villèle mettait t tout en ouvre pour lutter contre elle.
C’est ainsi que quatre sergents du 45ème régiment de ligne de la Rochelle périrent pour l’exemple.
Le 19 mars 1820, à cause d’une imprudence, Jean-François Bories, Jean-Joseph Pommier, Charles Goubin et Marius-Claude Raoulx furent arrêtés. Ils furent nombreux à l’être, tous accusés d’appartenir à la Charbonnerie.
Les inculpés furent divisés en trois groupes en fonction de la gravité des cas. Celui de nos quatre sergents, comprenait treize autres militaires et quatre civils qui comparurent devant un jury spécial. Les débats commencèrent le 21 août.
Boriès (né en 1795), vedette montée en épingle par la presse ultralibérale, était le plus regardé du procès. Il resta immuable dans ses dénégations, malgré l’évidence des faits
Pommier reconnut avoir assisté à une réunion mais ne dénonça personne. Il en fut de même pour Raoulx et Goubin.
Un mois plus tard, les débats étaient clos. Dans un réquisitoire aussi pompeux qu’implacable, l’avocat général, M.de Marchangy exigea des têtes à commencer par celle de Bories qu’il estimait le chef du complot. A cette demande, Bories répondit : « Et bien, Messieurs, j’accepte ; heureux si ma tête, en tombant sur l’échafaud, peut auver celles de mes camarades ».
Entre acquittements et quelques peines de prison, il restait à statuer sur le sort de Bories, Pommier, Raoulx et Goubin. La cour sortit, délibéra, puis revint pour annoncer son terrible verdict : la peine de mort. Et rien ne put modifier cette décision. Le projet de les faire s’évader échoua. Emmenés à la Conciergerie, ils furent exécutés le lendemain matin, 22 septembre1822, sur la place de Grève.
Raoulx demanda à être exécuté le premier et Bories passa en dernier. Tous montrèrent beaucoup de courage.