Le 20 octobre 1780, il autorisa d’autres hôpitaux à l’utiliser. Ainsi, accorda-t-il à l’hôpital Sainte-Catherine une bande de terrain pour que les « Catherinettes » puissent inhumer leurs morts qu’elles ne pouvaient plus enterrer au cimetière des Innocents qui venait de fermer. Mais, pensant que ce cimetière serait bientôt désaffecté, en 1783, les « Catherinettes » achetèrent une bande de terrain quasiment contigüe au cimetière de Clamart.
Depuis le 14ème siècle, il incombait à l’hôpital Sainte-Catherine le ramassage des personnes mortes dans la rue, dans la Seine, ou exposées à la morgue du Châtelet (150 à 200 par an).
Il possédait une chapelle mortuaire et était orné de la grande croix de pierre en forme d’obélisque qui avait été retirée du cimetière des Innocents. On y était inhumé soit :
- en fosse commune moyennant le paiement de la somme de 45 sols. Toutefois, comme la disposition du terrain ne suffisait pas pour plusieurs fosses en longueur, certaines sources indiquent le creusement d’une fosse profonde. Une seule et unique ?
- en fosse individuelle permettant ainsi la pose de pierres tombales et l’élévation de monuments. Ces caveaux particuliers, peu nombreux, étaient situés de part et d’autre de la porte d’entrée et le long du mur d’enceinte.L'une des sépultures les plus charmantes, entourée de verdure, était celle de la femme du concierge, la dame Allard († 1809). Sans être d’une folle gaieté, ce cimetière présentait un aspect moins sinistre que son voisin.
A la Révolution, comme tous les autres cimetières de la capitale, il devint la propriété de la Ville de Paris qui, avec le cimetière parisien de Vaugirard, l’affecta aux inhumations de la population de la rive gauche.On l’agrandit en lui rattachant la bande de jardin qui l’avait séparé un temps du cimetière de Clamart. Malheureusement, ce fut aussi époque où les inhumations semblent avoir été faites avec une inconcevable incurie. Pour ne pas avoir à payer le concierge-fossoyeur, les porteurs de corps, souvent ivres, procédaient eux-mêmes aux inhumations sans le moindre contrôle. Il fallut attendre 1796, pour que l'on commança à apporter un peu d'ordre.
Les dépouilles des suppliciés.
Durant des siècles, il n’y avait pas à proprement dit de cimetières pour les exécutés qui finissaient souvent dans la fosse du premier gibet de Montfaucon puis dans un petit espace qui leur fut réservé adjacent au second gibet de Montfaucon, rue de Meaux. ► Lieux d'inhumation des suppliciés Mais le 21 janvier 1790, l’Assemblée Nationale Constituante décréta le droit aux suppliciés d’être inhumés décemment. Une tranchée à part fut donc réservée pour eux au cimetière Sainte-Catherine qui fut le premier cimetière parisien à recevoir ces défunts particuliers. Par la suite, le cimetière Sud (Montparnasse) prit le relais avant que le cimetière parisien d’Ivry n’ait en charge cet office jusqu’en 1981 date de l’abolition de la peine de mort.
A la fin de l’Empire, le cimetière, qui depuis 1783 avait reçu près de 4000 corps, était complètement rempli. Il fut fermé dès la mise en service du cimetière Montparnasse en 1824. Au fur et à mesure, il fut vidé de ses résidents. Assez lentement d’ailleurs puisqu’en 1840 il contenait encore 304 sépultures. Que devinrent-elles ? Bon nombre de leurs contenus finirent aux Catacombes - fosses communes et personnes non réclamées – comme semble avoir été le cas des architectes Renard et Guillaumot « créateur » de ce gigantesque ossuaire. Les ossuaires du cimetière du Montparnasse ou du Père-Lachaise en eurent leurs lots. Certaines furent déménagées tardivement, comme celle du médecin Bichat qui rejoignit le Père-Lachaise en 1845. Mais c’était une célébrité qui bénéficia d’une concession gratuite. Quant au reste des restes, en 1857, le percement du boulevard Saint-Marcel avala définitivement le cimetière ainsi que le marché aux chevaux et l’ancienne rue des Francs-Bourgeois-Saint-Marcel.Tout cela n'empêcha pas, en 1900, des terrassiers de mettre à jour une quantité considérable d'ossements et quelques pierre tombales.Malheureusement, l'incendie qui ravagea l'Hôtel de Ville de Paris en 1871 fit disparaître tous les documents administratifs relatifs à ce cimetière.
Outre celles déjà connues, ce n'est donc que par hasard, et de façon homéopathique, que l'on trouve désormais des informations sur Sainte-Catherine, ce qui est le cas pour cet article, notemment en ce qui concerne quelques personnalités qui y furent inhumées.En 1883, une commission fut chargée de rechercher parmi les monuments provenant du cimetière, ceux qui méritaient d'être présentés dans les collections historiques de la Ville de Paris. Une quinzaine de pierres tombales et/ou stèles furent alors confiées au musée Carnavalet dont celles de :
►Julie Cicéron, âgée de 18 ans, fille M.J.B. Cicéron, Avocat de la Cour d'Appel de Paris et administrateur de l'Ecole impériale Polytechnique. Sa piété, sa sagesse et ses vertus lui avaient mérité le ciel. Dieu l'a appelée à lui le 23 août 1809.