Fréquentant les cafés littéraires et les salons philosophiques, parmi les thèmes abordés dans celui de Mme Lambert, femme de Lettres et célèbre salonnière, on s’interrogeait sur la contrainte de la versification dans la poésie. Dépourvu de préjugés et doté d’un esprit d’investigation, La Motte adhéra à la la pensée de son entourage qui estimait que le vers rendait le poète esclave de règles superflues, compliquées et néfastes, qui favorisaient les chevilles et les périphrases et entravaient l'expression vraie de la poésie. Il fut préconisé de revenir à la netteté et à la fermeté de la prose, surtout au théâtre pour des raisons de naturel.
Passant de la théorie à la pratique, Houdar tortura des vers de Racine avant de s’attaquer à une traduction de l’Iliade – alors qu’il ne connaissait pas le Grec - qu’il massacra sous prétexte de mettre cette traduction de l’œuvre d’Homère au goût du jour. S’en suivit une polémique avec l’auteur qui ranima la querelle des Anciens et des Modernes dans laquelle La Motte, se rangeant du côté des Modernes, ne se départit jamais de sa courtoisie malgré les violentes épigrammes lancées contre lui. Fénelon, choisi pour juge de la querelle, mit tout le monde d'accord en déclarant « qu'on ne peut trop louer les modernes qui font de grands efforts pour surpasser les anciens. Une si noble émulation promet beaucoup ; elle me paraîtrait dangereuse si elle allait jusqu'à mépriser et à cesser d'étudier ces grands originaux. »
Oublié de nos jours, Houdar de La Motte n’en tint pas moins une place importante dans la vie littéraire de son temps par ses écrits et par ses conceptions. Il fut élu à l’Académie française en 1710 au fauteuil de Thomas Corneille.
Devenu aveugle, cette infirmité ne lui ôta rien de son urbanité qu’il sut conserver même au milieu des plus vives discussions.S’agissant de son œuvre, on laissera le dernier mot à Voltaire : « Il prouva que dans l’art d’écrire on peut être encore quelque chose au second rang. »
Antoine Houdar de La Motte fut inhumé en l’église Saint-André-des-Arts. Sa tombe fut profanée à la Révolution et ses restes mortels déposés au Catacombes en février 1794.