De suite, Marie-Thérèse manifesta son attachement pour son beau cousin. Louis, toujours épris de Marie Mancini, ne se montra pas d’un enthousiasme débordant ; on raconte même qu’en la voyant, il aurait pâli. Il faut admettre que la nature ne s’était pas montrée généreuse envers la jeune femme.
Petite, avec des joues rondes s’affaissant, un nez charnu et une bouche molle, on lui accordait un regard rehaussé d’yeux bleus perçants et vifs ainsi qu’une éblouissante blancheur de teint symbole de grande qualité à l’époque. Mais reine de France, elle était le ventre qui devait donner l’héritier du trône. Louis honora sa couche consciencieusement et régulièrement. Six enfants naquirent de leur union dont cinq décédèrent du vivant de Marie-Thérèse.
Manquant d’esprit, peinant à parler Français correctement, elle compensait par d’indéniables qualités morales : modesties, bonté, piété et une sincère affection à l’égard de son mari malgré ses nombreuses infidélités. Nonobstant, sa peine et le respect que lui vouait Louis, elle n’avait pas d’autre choix que d’accepter cet époux volage. En 1661, alors qu’elle accouchait du Grand Dauphin, n’apprenait-elle pas sa liaison avec Louise de Lavallière ? Commença pour elle cette souffrance qui, ponctuée de moments de bonheur, dura toute sa vie. Il lui fallu accepter les maîtresses et les bâtards. Néanmoins, le roi veillait à ce qu’elle soit traitée avec tous les égards dus à son rang et n’aurait pas admis le moindre écart.
Vertueuse, la religion et les œuvres charitables occupaient une bonne partie de son temps. Sa bonté alla jusqu’à consoler Louis de La Vallière quand le roi la délaissa au profit de d’Athenaïs de Montespan. Avec le temps, sans doute sous l’influence de Mme de Maintenon, le roi se rapprocha de nouveau de sa femme. Epouse parfaite pour Louis, elle qui ne s’était jamais mêlée de politique, osa manifester, contre l’avis de tous, son hostilité aux dragonades perpétrées contre les protestants si bien orchestrée par Louvois.
Marie-Thérèse ne profita guère longtemps de Versailles où la Cour s’était installée définitivement en 1682.
En cette fin de juillet 1683, la reine était en proie à des malaises et à une forte fièvre provoquée par une tumeur que l’on découvrit sous l’aisselle gauche. On peut raisonnablement penser que l’infection qui l’emporta était déjà généralisée. Les soins qu’on tenta de lui apporter se transformèrent en une véritable boucherie. La reine trépassa dans d’atroces souffrances. Les Parisiens qui l’aimaient la pleurèrent sincèrement. Pour Louis, sa mort « fut le seul chagrin qu’elle lui ait jamais causé ». Deux mois plus tard il épousait Mme de Maintenon et renouait avec les divertissements. Ainsi était le roi.