Face au peloton d’exécution, il refusa qu’on lui bandât les yeux et ordonna lui-même le feu :"lorsque je fermerai les yeux, tirez droit au cœur". Un vrai héros.
Malgré le respect que marquèrent les Bleus présents à l’exécution en saluant son cadavre, après sa mise en bière, il fut jeté dans une carrière, parmi tant d’autres victimes, quelque part au bord du chemin qui mène à Rennes.
On compte au moins 1800 personnes fusillées dans les carrières de Gigant, dites aussi "le Champ des martyrs", qui avaient été enfermées dans la sinistre prison de l’Entrepôt du Café. Dans cette antichambre de la mort, on y emporisonna, après la bataille de Savenay (23 décembre 1793), 8 000 à 9 000 hommes, femmes et enfants qui moururent de faim, du typhus ou encore dans les atroces noyades de Nantes.
Lorsque le corps de Charette fut déposé dans le cimetière, un moulage de son visage y fut fait 25 heures après sa mort par un plâtrier-visagiste. Soupçonné d'avoir profité de l'occasion pour subtiliser le corps, il dut refaire un second moulage sous contrôle en présence de trois commissaires de police, qui firent ensuite recouvrir le corps de Charette de terre, puis superposent dessus des cadavres apportés des hôpitaux. La plupart de ses portraits posthumes furent réalisés à partir de ce masque mortuaire.
Et depuis ? La terre les a dévorés régurgitant de temps à autre des ossements lorsqu’on venait la prendre pour combler des trous ou des terrassements de Nantes. Au fur et à mesure de leur découverte, ces ossements furent déposés, entre autres, au cimetière de la Miséricorde ouvert en 1793.
En 1982, les dépouilles étaient toujours là. Au hasard du temps et des besoins les restes de Charette revinrent-ils en surface où sont-ils toujours enfouis dans l'un des jardins des maisons proprettes du quartier ? Nul ne saurait le dire.
Une stèle et deux plaques commémoratives furent dressées. De nos jours, elles ont pour fond un petit immeuble moderne au 7 rue des Martyrs.