Ses célèbres Lettres persanes (1721), parues sans nom d’auteur, donnèrent le ton : on ne s’étonne plus des autres mais de soi-même. L’ouvrage connut un succès immédiat.
Essayant de trouver avec certitude où se cachait la vraie grandeur de l’homme, il publia plusieurs traités dont le magnifique Dialogue de Sylla et d’Eucrate qui, par sa pensée, devançait Nietzsche.
Poussé par le succès, il se présenta à l’Académie française. Mais, se partageant entre ses domaines de la Brède et Paris, le roi lui refusa cet honneur sous prétexte que l’écrivain n’habitait pas la capitale. Néanmoins, il fut reçu en 1728.
Tout en écrivant, il voyagea plusieurs années en Europe, se montrant un observateur attentif de toute chose. Des manufactures aux mœurs politiques en passant par les impôts, la vie littéraire, la misère des peuples, les cardinaux et les prostituées, il ne négligea rien.
De retour en France, ses notes classées et travaillées furent la base d’une réflexion dont la maturité explosa dans plusieurs œuvres parmi lesquels L’Esprit des lois. Ce monument, non dépourvu de contradictions, résultat de son immense enquête, parut en 1748 sans date ni nom d’auteur. Montesquieu y développait, entre autres, sa pensée sur la répartition des fonctions de l'État entre ses différentes composantes, appelée postérieurement « principe de séparation des pouvoirs ».
Le succès fut retentissant : Frédéric II de Prusse en fit son livre de chevet, Catherine II de Russie y puisa des raisons de renforcer son autocratie, les Anglais y découvrirent les mérites des institutions libérales qui les régissaient tandis que Thomas Jefferson en soulignait des passages…
En France, attaqué par les Jésuites et les Jansénistes, malgré les corrections que Montesquieu consentit, le livre fut mis à l’index en 1751. Il participa aussi à l’Encyclopédie en rédigeant l’Essai sur le goût qui parut après sa mort.
Depuis un certain temps, il souffrait de troubles de la vue qui évoluèrent en une complète cécité.
Il mourut à Paris victime d’une mauvaise fièvre jaune.
Le 11 février, ses funérailles eurent lieu en l’église Saint-Sulpice, en présence de Diderot, seul homme de lettres à s’être déplacé. Montesquieu, qui n’aimait guère la pompe funèbre, fut inhumé sobrement dans la chapelle Sainte-Geneviève de l’église.
Par deux fois, le caveau où se trouvait son cercueil fut profané dont la dernière pendant la Révolution. Extraits de sa tombe, ses ossements furent déposés au cimetière de Bagneux appartenant à la paroisse Saint-Sulpice. Selon une source familiale d'une descendante directe du philosophe qui m'a contactée au mois d'août 2015, quelques uns de ses ossements auraient été replacés dans l'église par la suite. Si la chose était avérée, il resterait à savoir où se trouvent ces maigres restes car, sauf l'ossuaire, la crypte des marguilliers et les sépultures post-révolutionnaires préservées, aucun autre emplacement contenant des cendres n'a jamais été répertorié à ce jour. Mais la rumeur, elle, existe bien...