De tous les temps, les chaos politiques furent des opportunités rêvées pour les personnages véreux. Pour Fabre ce fut la Révolution. D’auteur médiocre, Fabre devint secrétaire à la Justice quand Danton en devint ministre. De cet instant, tous les crimes perpétrés non seulement reçurent son approbation mais il contribua largement aux massacres de Septembre comme à la condamnation des Girondins.
Certes, il était loin d’être le seul, mais son attitude de « serpent rusé qui se replie en cent façons » et la liste impressionnante de ses prévarications furent plus exceptionnelles pour ne pas dire unique parmi les révolutionnaires célèbres.
Véritable girouette à la Convention, trahissant ses relations d’affaires quand ses trafics étaient découverts, c’est aussi grâce à lui que Robespierre put atteindre Danton. Mais, Maximilien, qui savait quel mauvais génie Fabre avait été pour son ancien protecteur, profita aussi de l’occasion pour débarrasser la Révolution de ce vilain sujet.
Exclu des Jacobins, Fabre fut convaincu de faux en écriture et de concussions dans une affaire d’agioteurs dans laquelle, pour une fois, il était innocent.
Toutefois, l’ensemble de son œuvre compensant largement, il fut condamné à mort et mené à la guillotine en même temps que Danton. Il faisait partie des hommes à l’honnêteté douteuse qu’on avait associés au procès du tribun de façon à ternir son image.
Bien que malade Fabre trouva la force de se défendre en accusant Chabot et Basire de ses forfaitures. Le tamis de l’histoire est parfois injuste. Les exactions de Fabre le révolutionnaire ont été oubliées au profit du Fabre auteur de notre comptine et de sa participation à l’ahurissant calendrier républicain.
D’abord inhumé au cimetière des Errancis, ses restes furent transférés aux Catacombes à la fermeture du cimetière.