Vinrent ensuite de nouveaux "poulains" : Charles Aznavour, Gilbert Bécaud et Félix Leclerc.
S'il n'a jamais écrit de poème ou de musique, il en était habité. Prenant à bras-le-corps les insurmontables difficultés auxquelles se sont toujours heurtés les vrais créateurs, il faisait des problèmes sa chose et réduisait à des détails courants ce qui était barrières, incompréhensions et pièges. Il savait d’instinct ce qui était beau et ce qui ne l'était pas, ce qui était "public" et ce qui ne l'était pas.
Son édition était ouverte à tous et à chacun : on puisait de l'espoir à la source. Pour peu qu'un talent timide et incertain passât à ses côtés, il avait tôt fait de le repérer, de le consolider, de le guider pour en faire une flamme rayonnante et heureuse. Chaque combat livré par l'un de ses artistes était son propre combat. Il jouait à quitte ou double. Les choses ont bien changé...
En quelques années, il devint l'un des éditeurs parisiens les plus en vue puis l'un des éditeurs internationaux les plus cotés. Tous savaient qu'ils pouvaient compter sur ce chêne et s'accrochaient à ses branches pour peu que s'annonçât une dérive.Ainsi passa-t-il sa vie à faire chanter l’univers.
A sa mort, avec beaucoup de courage, son épouse prit en main les destinés de sa Maison à laquelle elle continua de donner vie et prestige. Rachel, que Cocteau surnommait affectueusement « La marquise ». Sa résidence secondaire de Méré résonnait encore du passage de comédiens, de chanteurs, de compositeurs et d'auteurs. Raoul Breton fut donc inhumé dans le cimetière de ce lieu champêtre qu’il aimait tant. Rachel le rejoignit dans la tombe bien des années plus tard.