Ses premiers écrits, censurés, car jugés pornographiques, se distribuèrent sous le manteau. En 1947 Pompes funèbres, où il proposait, entre autres idées sulfureuses, une vision homo-érotisée d'Hitler, lui valut de passer à deux doigts de la relégation dont il réchappa grâce à l’intervention d’écrivains célèbres.
Il est vrai qu’à la même époque sa carrière littéraire et théâtrale était bien engagée. Auteur discret, malgré sa popularité croissante, Genet est surtout connu pour ses pièces de théâtre : Les Bonnes, pièce montée par Louis Jouvet en 1947 ; Haute surveillance (1949) ; Les Nègres (1959) et Les Paravents (1961), œuvre mise en scène par Jean-Louis Barrault et qui fit scandale alors que la France s’engluait dans la guerre d’Algérie.
Mais son œuvre romanesque et poétique n’en est pas moins importante. Se sont bien ses poèmes qui marquèrent son entrée dans la littérature : outre Le Condamné à mort, Chants secrets (1944), Poèmes (1948). On ne saurait non plus oublier ses nombreux combats et engagements politiques.
Défini comme le poète du vol, de l’homosexualité, du crime et de la trahison, Genet voulut transformer ces vices en véritables « vertus théologales » par l’alchimie d’une écriture somptueuse et flamboyante. Appartenant à ce monde marginal, il sut mieux que personne décrire de l’intérieur cet univers trouble de réprouvés, condamnés, voleurs, travestis, assassins, traîtres et prostituées.
Son œuvre théâtrale reprit avec la solennité et la violence et l’immédiateté propres à la scène la même tâche transformatrice.
Au fil des années, ses pièces acquirent, en filigrane, un sens politique avec une peinture des réprouvés qui est aussi celle des dominés, des marginalisés, des victimes, et, par une logique implacable, une dénonciation des bourreaux et des oppresseurs.
Vices et vertus, bien et mal, pureté et impureté, amour et cruauté, etc. échangent indéfiniment leurs signes. Entre vertige et fascination, telle se fait la lecture de Genet.
Mise mal par le suicide de son compagnon et sa toxicomanie aux barbituriques, son errance se poursuivit dans des chambres d'hôtel sordides, ne voyageant qu'avec une petite valise remplie de lettres de ses amis et de manuscrits.Elle prit fin, alors que rongé par le cancer, il fit une mauvaise chute dans un hôtel parisien.
Jean Genet fut inhumé au cimetière de Larache où il vécut longtemps et où il avait souhaité reposer.
Unique tombe à ne pas être ornée d´une croix, un simple périmètre de béton blanchi entoure un rectangle de terre sur lequel poussent herbes et pourpiers. Deux roches blanchies sont placées aux pieds et à la tête de la tombe. L´une porte simplement la mention du nom de l´écrivain, ainsi que ses dates de naissance et de mort, celle-ci hésitant entre le 13 et le 14 avril.