Personnage affable à la haute silhouette de notable, Delannoy fut au milieu des années 1950 la cible idéale des jeunes cinéastes de la Nouvelle vague qui lui reprochaient l'académisme et la froideur de ses réalisations.
Mais le "cinéma de papa" avait encore de beaux jours devant lui. Delannoy continua à tourner en accentuant un peu plus la variété des sujets qui caractérisaient son œuvre. C'est ainsi qu'il navigua entre Notre-Dame-de-Paris (1956), Marie-Antoinette (1956), Maigret tend un piège (1957) et Maigret et l'affaire Saint-Fiacre (1959), Le Garçon sauvage (1961), La Princesse de Clèves où parmi sa poignée d’acteurs fétiches, comme Jean Gabin ou Michèle Morgan, il retrouvait Jean Marais.
En plus de soixante ans, Jean Delannoy a réalisé une cinquantaine de films, avec une préférence pour les reconstitutions historiques et les adaptations littéraires. En fin de parcours, il signa une trilogie d'inspiration religieuse : Bernadette (1987), La Passion de Bernadette (1989 : suite du film précédent, distribué qu'à Lourdes ?) et Marie de Nazareth (1995). On lui doit aussi quelques réalisations pour la télévision.
Il occupa également divers postes stratégiques dans la profession : présidence de l'Association des auteurs de films (1965-67), de l'IDHEC (école de cinéma) en 1973 ou du Syndicat national des auteurs et des compositeurs (1976-81). Il était commandeur des Arts et lettres, grand officier de la Légion d'honneur et grand croix de l'ordre national du mérite.
"Je suis le dernier survivant d'une partie de l'histoire du cinéma français", déclarait-il en 2004 à la sortie de ses mémoires «Aux Yeux du souvenir», titre de l'un de ses films (1948).
Jean Delannoy mourut âgé d’un peu plus de cent ans en son domicile de Guainville où il fut inhumé auprès de son épouse dans le petit cimetière du village. Sur la tombe toute simple, rien ne rappelle ce que ce grand cinéaste apporta à son art.