Après la guerre, il reprit alors sa collaboration au Journal des Débats, écrivant également à La Liberté, au Figaro, au Mercure, etc.
Mais, poussé par son besoin d’aventures et sa recherche d'individus hors du commun, où qu’ils soient et quels qu’ils soient, il entama une double carrière de grand reporter et de romancier. Il suivit le drame de la révolution irlandaise et d’Israël au début de son indépendance ; il explora les bas-fonds de Berlin ; au Sahara, il vola sur les premières lignes de l’Aéropostale, et navigua avec les négriers de la mer Rouge.
Après L’Équipage, il publia Mary de Cork, Les Captifs (grand prix du roman de l’Académie française en 1926), Nuits de princes, Les Cœurs purs, Belle de jour, Le Coup de grâce, Fortune carrée (version romanesque de son reportage Marché d’esclaves), Les Enfants de la chance, La passante du Sans-souci, ainsi qu’une très belle biographie de Mermoz qui avait été son ami. Tous ces titres connurent la célébrité, et certains furent adaptés pour le cinéma.
Il appartenait à la grande équipe qu’avait réunie Pierre Lazareff à Paris-Soir, et qui fit l’âge d’or des grands reporters.
Correspondant de guerre en 1939-40, il rejoignit la Résistance (réseau Carte), avec son neveu Maurice Druon. C’est également avec celui-ci qu’il franchit clandestinement les Pyrénées pour gagner Londres et s’engager dans les Forces Françaises Libres du général de Gaulle. En mai 1943, sur une musique d'Anna Marly, les deux hommes composèrent les paroles du « Chant des Partisans », voué à devenir le chant de ralliement de la Résistance. En hommage à ces combattants, il publia L’Armée des Ombres (1943).
Il finit la guerre, capitaine d’aviation, dans une escadrille qui, la nuit, survolait la France pour maintenir les liaisons avec la Résistance.
A la Libération, il reprit son activité de grand reporter, voyagea en Palestine, en Afrique, en Birmanie, en Afghanistan. C’est ce dernier pays qui lui inspirerait son chef-d’œuvre romanesque, Les Cavaliers (1967).
Entre-temps, il avait écrit un long roman en trois volumes, Le Tour du malheur, ainsi que Les Amants du Tage, La Vallée des Rubis, Le Lion, Tous n’étaient pas des anges. Sous le titre Témoin parmi les hommes, et il fit revivre les heures marquantes de son existence de journaliste.
Consécration ultime pour ce fils d’émigrés juifs, l’Académie française lui ouvrit ses portes en 1962.
Mort d'une rupture d'anévrisme dans sa résidence d’Avernes (Val-d’Oise), Joseph Kessel fut inhumé au cimetière du Montparnasse lors d’une cérémonie très simple, comme il souhaitait. Dans son Bloc-notes, François Mauriac lui rendait ainsi ce bel hommage : « Il est de ces êtres à qui tout excès aura été permis, et d’abord dans la témérité du soldat et du résistant, et qui aura gagné l’univers sans avoir perdu son âme. »
Depuis 1997, le prix Joseph-Kessel consacre l'auteur d'un ouvrage de langue française de haute qualité littéraire : voyage, biographie, récit ou essai.