D’abord fidèle au roi Jean II, Gaston tourna casaque quand le roi prit le parti des Armagnacs, ennemis héréditaires des comtes de Foix-Béarn. Se refusant à rendre hommage, Gaston fut emprisonné. Libéré à la faveur de la défaite française de Poitiers (1356), il partit en croisade en Prusse aux côtés des Chevaliers Teutoniques. Puis le conflit avec le comte d’Armagnac reprit de plus belle. Gaston réussit à capturer son ennemi. C’était une prise de choix. Grâce à l’énorme rançon qu’il en soutira, Phébus put dorénavant entretenir une cour fastueuse qui allait participer à sa renommée de grand seigneur. Protecteur des lettres, auteur du « Livre de chasse » considéré comme l’un des meilleurs traités médiévaux sur le sujet, Gaston, magnifique, rentrait dans la légende. Légende que l’homme politique et de guerre n’usurpait pas. Réussissant à maintenir un subtil équilibre entre ses suzerains en guerre, les rois de France et d’Angleterre, Gaston put préserver la paix et la prospérité de ses terres.
Mais il y avait l’envers de la médaille, sa violence, dont ses proches furent les principales victimes. Ce fut son frère qu’il tua, sa femme qu’il chassa sans ménagement puis, en 1380, son fils, à l’instigation de Charles le Mauvais, fut accusé d'avoir voulu empoisonner son père. Emprisonné, Gaston, au cours d'une visite perdit son sang-froid et lui porta un coup mortel à la gorge, faisant ainsi disparaître son seul héritier direct et légitime. Ce fut peut-être ce drame qui l’inspira pour l’écriture de son recueil de prières, le « Livre des oraisons ».
Phébus vivait à Orthez, alors capitale du Béarn. C’est lors d’une partie chasse un peu trop forcée dans les forêts de la région qu’il fut victime d’une congestion cérébrale entraînant sa mort. Porté à l’hôpital d’Orion, près de Sauveterre-de-Béarn, il mourut dans les heures qui suivirent.
Après des funérailles grandioses, le souverain le plus charismatique du Béarn fut inhumé près du grand autel du couvent des Jacobins qui, depuis la prise d’Orthez par les vicomtes de Moncade, s’était affirmé comme la nécropole de cette lignée.
Mais en 1566, Jeanne d’Albret choisit d’y fonder le collège protestant sans se préoccuper du tombeau. C’est ainsi que vers 1574, Henri de Sponde, alors calviniste mais futur évêque de Pamiers après sa conversion, se souvint dans son enfance avoir, avec ses compagnons écoliers, dans le couvent en partie en ruines, tiré de la tombe des ossements qui furent semés de-ci de-là après avoir servi de jeu d’osselets ! Ainsi disparurent aussi les armes contenues dans la tombe. Vendu comme bien national à la Révolution, ce qui restait du couvent fut rasé en 1840.