S’éloignant peu à peu des socialistes dont il refusait la discipline, il se rapprocha du centre.
Nommé, en 1906, ministre de l’Instruction publique, des Beaux Arts et des Cultes dans le gouvernement radical Sarrien, il organisa le nouveau régime des cultes en adoptant une attitude conciliante vis-à-vis de l’Eglise.
Ministre de la Justice dans le gouvernement Clemenceau en 1908, il tenta de faire abolir la peine de mort. Président du Conseil avec le portefeuille de l'Intérieur l’année suivante, il joua désormais un rôle de premier plan dans la vie politique du pays. Modéré, ménageant la droite, face aux luttes ouvrières il prit des mesures répressives qui lui aliénèrent ses anciens amis socialistes.
En 1914, de retour au gouvernement après une brève absence, son rôle fut essentiel dans la première phase de la guerre, montrant ses capacités à faire face dans les moments les plus difficiles.
Mais, combattu depuis des mois par Clemenceau qui était devenu son adversaire, il cessa d'être ministre en mars 1917
À l'élection présidentielle de janvier 1920, il fit tout son possible pour bloquer l'élection de Clemenceau à la magistrarture suprême, en proposant Paul Deschanel qui fut élu à sa place.
En 1921, de retour à la présidence du Conseil, il mena une politique de réconciliation avec l’Allemagne en favorisant les relations avec l’Allemand Gustav Stresemann. Et c’est surtout à son rôle international et à sa politique étrangère remarquable qu'Aristide Briand doit sa renommée.
Personnage phare du pacifisme français de l'entre-deux-guerres, il mit ainsi en place les accords de Locarno (1925) qui établissaient un pacte de stabilité entre les différents états européens et fut le coauteur du pacte Briand-Kellog qui stipulait que la guerre était hors la loi.
C’est pour ces actions qu’il reçut le Prix Nobel de la paix en 1926 en même temps que Gustav Stresemann.
En 1929, il annonça un projet d’union européenne…Cette idée visionnaire deviendra un jour une réalité. Mais dans l’immédiat elle lui valut d’être attaqué sur tous les fronts. On le traita de traître, de voyou, de menteur, d’ignorant… Pourtant, le peuple qui rêvait de paix l’acclamait. Malgré ses vœux pieux, Briand doutait de la possibilité d’une paix et, prévoyant, avait constitué quelques réserves d’or le cas où…
Mais malade et désabusé, il s’éteignit. L'émotion fut grande dans les chancelleries, car nul n'oubliait l'inlassable combat en faveur de la paix, l'œuvre à la SDN et les efforts du "Pèlerin de la paix".
D’abord inhumé au cimetière de Passy, Aristide Briand, fier de ses origines paysannes, fut transporté le 3 juillet dans le petit cimetière de Cocherel où il aimait tant venir se détendre. On ne peut rater sa tombe, qui fut creusée sur un petit terrain donné à cette occasion par ses neveux.