Jouet d’un escroc (ou victime consentie ?) il fut l’objet d’un procès retentissant en 1908 qui lui donna un lustre imprévu mais lui fit perdre sa place de professeur à l’Ecole philotechnique. Pour vivre, il donnait à domicile quelques cours de peinture et de violon. Proie des railleries, derrière les rapins goguenards, quelques amateurs sérieux commencèrent à vraiment s’intéresser à lui dont Vollard, le marchand de Cézanne et Gauguin. Enfin un peu d’aisance !
Son ignorance des théories, sa maladresse et sa gaucherie ont fait couler beaucoup d’encre et expliquent aussi qu’il ne trouva pas l’adhésion du public et des critiques. Autodidacte, son talent ne devait rien aux écoles. Il ne subit aucune influence, son art resta le même, scrupuleux. Entre réel et imaginaire, son univers est celui des primitifs mais, contrairement à d’autres « naïfs », il apporta un style.
Sa psychologie déconcertante, sa manière simple et tranquille avec laquelle il acceptait les canulars dont il fut si souvent l’objet, et le mystère dont il aimait s’entourer assurèrent en partie sa légende, ajoutant à l’étrangeté de son inspiration.
En fait, nul ne sut et ne saurait dire qui fut vraiment le douanier Rousseau.