Provenant de telles intelligences, cette défaillance ne cessera jamais de nous surprendre. Plus ils gagnent en assurance, plus leur élémentaire instinct de survie semble décliner.
Cromwell fit la triste expérience du sort réservé à ceux qui sont frappés par ce type d’amnésie. Et pourtant, Dieu n’était pas seul à savoir avec quel acharnement et quelle efficacité il avait servi les intérêts de son souverain.
Mais en voulant imposer trop volontairement ses choix matrimoniaux à Henry VIII, dont l’union malencontreuse avec Anne de Clèves, il négligea la première règle. En n’agissant pas contre l’opposition persistante de ses adversaires menés par le duc de Norfolk, il négligea la seconde.
Ses deux négligences ainsi que l’énorme pouvoir qu’il détenait entre ses mains le menèrent tout droit de la disgrâce au billot.
Le jour de son exécution tenue secrète, les âmes des victimes de la politique de Cromwell, semblaient s’être donné rendez-vous pour une terrible vengeance : la hache du bourreau était tellement émoussée, que le tout puissant Cromwell connut une épouvantable agonie avant d’expirer.
Puis, regrettant sa mort, Henry VIII accusa ses autres ministres de l’avoir fait chuter par de fausses charges.
Tandis que son corps était inhumé sans cérémonie et sans tombe en la chapelle Saint Peter-ad-Vincula, sa tête fut bouillie et exhibée sur une pique où elle resta plantée jusqu’aux années 1680 (?!). Récupérée, conservée et léguée comme un trésor, elle fut enterrée discrètement en 1960 dans la chapelle du collège Sidney Sussex de Cambridge. Aucune analyse n’a jamais permis d’affirmer que cette relique était bien la tête de Cromwell, au contraire…