Quelle déception ! Se fiant au portrait plutôt flatteur d’Anne, Henry ne s’attendait pas à ce qu’il découvrit lors de leur première rencontre. S’étant déguisé et se mêlant à ceux venus l’accueillir, Anne n’avait pas été capable de reconnaitre le roi d’Angleterre et avait refusé de l’embrasser ! Mais au-delà de cette insulte, elle n’était pas du tout son genre. Tellement peu, qu’il l’a pris de suite en aversion. Il y a des limites au mariage d’intérêt !
De surcroit, la Clèves ne parlait que l’Allemand, langue qu’Henry maitrisait fort mal !
Furieux, il voulut faire annuler les fiançailles. Mais renvoyer Anne était mettre en péril l’alliance avec le duc de Clèves et prendre le risque de s’en faire un ennemi.
Alors, la mort dans l’âme, il l’épousa le 6 janvier 1540… avant de la répudier le 24 juin suivant en invoquant la non consommation de leur union. Annulée la Teutonne! Depuis, de nombreux historiens s’accordent pour invoquer l’obésité d’Henry comme un sérieux handicap aux joutes nuptiales.
Moyennant de très confortables revenus Anne accepta la séparation. Elle resta en Angleterre où elle put disposer de domaines, dont celui d’Hever, ancien manoir des Boleyn tombés en disgrâce. Autre grand privilège, Henry accepta qu’Elisabeth (future Elisabeth Ire), fille d’Anne Boleyn et pour qui elle ressentait une tendresse toute maternelle, puisse la visiter.
Anne de Clèves coula donc des jours paisibles dans ce royaume d’Angleterre dont le roi l’avait si mal reçue. Elle lui survécut ainsi qu’à ses deux autres femmes. Elle mourut dans la foi catholique, religion de sa mère, entourée de l’affection de tous. La reine Mary Ire, qui l’estimait, exigea qu’elle soit inhumée comme une souveraine devait l’être : dans l’abbaye de Westminster.
En poussant un mur de chaises, on peut voir la plaque rappelant sa sépulture en ce lieu.