A ce même siège, mourut Christophe de Champagne, baron de Neuvillette, époux de Madeleine Robineau, cousine maternelle de l'écrivain et qui inspira en partie le personnage de Roxane.
Poète contemporain de La Fontaine et de Molière, disciple de Gassendi, il entama une carrière littéraire. Esprit particulièrement fort, libertin aux deux sens du mot, autrement dit un libre-penseur et un bon vivant, il se joignit à un groupe de fêtards sacrilèges et se tailla une belle réputation de duelliste.
S’essayant, rarement avec sérieux, dans presque toutes les formes littéraires, trouvant la corde sensible, il raillait, entre autres, le vénérable saint Augustin, la physique traditionnelle ainsi que les injustices sociales dans des œuvres inventives, souvent ingénieuses. Parfois enracinées dans la science, les méthodes de voyage spatial que décrit Cyrano reflètent la philosophie matérialiste dont il était adepte. Surtout connu pour sa comédie Le Pédant joué –qui sembla à Molière assez bonne pour qu’il en chipât une scène ou deux- et ses proto-romans de science-fiction, Histoire comique des États et Empires de la Lune (1657), première partie de l’Autre Monde, et L’Histoire comique des Estats et empires du Soleil, inachevée à sa mort, décrivent des voyages fictifs vers la Lune et le Soleil.
L’Autre Monde, paru après sa mort, fut mutilée pour satisfaire la censure.
Poète populaire et fine lame, Savinien possédait effectivement un appendice nasal remarquable.
En 1653, à bout de ressources, il accepta la protection du duc d'Arpajon qui l'aida à publier l'année suivante ses Œuvres diverses et La Mort d'Agrippine.
Blessé, en 1654, par la chute d’une poutre en bois alors qu’il entrait dans la maison de son protecteur qui l’abandonna peu après, il trouva refuge chez Tanneguy Renault des Boisclairs à qui il dédia Histoire comique des États et Empires de la Lune.
Le 23 juillet 1655, il se fit transporter à Sannois, dans la maison de son ami et cousin Pierre de Cyrano, trésorier général des offrandes du Roi. Si l’on en croit son ami Le Bret, Savinien aurait trouvé le chemin du repentir grâce Madeleine de Neuvillette.
Ce fut bien à Sannois qu’il mourut chrétiennement, selon le certificat de décès délivré par le curé de la paroisse, le 28 juillet à l'âge de 36 ans et où il fut inhumé dans l’église Saint-Pierre où reposait déjà son oncle, Samuel de Cyrano († 1646) comme l’atteste les registres paroissiaux pour l'un et pour l'autre :
« Au dixième jour de septembre mil six cent quarante-six est décédé honorable homme maître Samuel Ciranno, bourjois de Paris, et le lendemain innumé en l'église SaintPière de Sannoix ».