Qui dans cette foule pouvait imaginer qu’il manquait le cerveau, une partie du bras droit, un œil, les entrailles et le cœur à la dépouille passant devant eux !
Autant de morceaux de Gambetta emportés à titre de souvenir par les médecins préposés à l'autopsie…
Incroyable mais vrai, l’autopsie et l’embaument de Léon valent d’être narrés.
Pour la première fois dans l’histoire de la médecine, le dénommé Baudriant, à qui fut confié l’embaumement, décida d’utiliser du formol pour la conservation du corps déjà en état de décomposition. Pour injecter le produit, fallait-il encore saisir la carotide difficile à trouver à cause de l’embonpoint de leur client. Le temps passant, l’appétit venant pourquoi ne pas rejoindre les médecins qu’ils entendaient ripailler au rez-de-chaussée ? Mais ces derniers refusant la présence de l’embaumeur et de son aide, vexés, ils partirent déjeuner ailleurs en enfermant le cadavre à double tour derrière eux.
Et les médecins, une fois rassasiés, de trouver porte close ! Contraints d’attendre le bon vouloir de l’embaumeur, qui sciemment savourait son repas sans se presser, les légistes attendirent plusieurs heures avant d’entamer l’autopsie du défunt.
Son cerveau, dont le poids fut regardé comme celui d’un « crétin », fut mis dans une boîte déposée au musée d'anthropologie comparée du professeur Broca.
Avant de refermer le corps, les médecins s'emparent chacun d'une relique de l'homme d'État. Paul Bert s’octroya le cœur qu'il emballa dans du papier journal, un autre opta pour une partie du bras droit et un troisième ne résista pas aux entrailles. Bref, l’embaumeur récupéra un corps en lambeaux !
En 1867, Gambetta avait eu l’œil droit percé par un éclat d'acier et depuis était borgne. Cet œil est toujours conservé par le musée Henri Martin de Cahors, sa ville natale, qui détient aussi son maque mortuaire.