Fréquentant les salons mondains, il y rencontra Delphine Gay, muse de la Restauration, qu’il épousa en 1831.
Après avoir fondé quelques périodiques, il se lança dans la presse quotidienne, naturellement politique, réservée aux élites et diffusée sur abonnement, à cette époque.
La Presse, journal fondé en 1836, promouvait un concept nouveau : celui de la presse à « bon marché ». Pour conquérir le lectorat, Girardin réduisit de moitié le prix de l’abonnement, compensant le manque à gagner par la manne publicitaire, le roman-feuilleton et le fait divers comme des genres incontestés de l’information quotidienne.
Si La Presse n’atteignit pas toujours l’audience escomptée, ses articles, souvent polémiques, faisaient au moins parler et du journal et de son directeur. En 1848, s’estimant atteint dans son honneur par le quotidien de Girardin, Armand Carrel (rédacteur en chef du National) l’entraîna dans un duel où ce dernier trouve la mort. Ce décès devait nuire plusieurs années à Girardin.
Élu député de la Creuse en 1834, il traduisait au Parlement et dans les allées du pouvoir l’influence gagnée par la presse.
Ne cherchant jamais à contrarier le sens du vent politique, il connut malgré tout un court exil en Belgique pour avoir condamné le coup d’État de Louis Napoléon. Revenu en France, il reprit sa carrière d’entrepreneur de presse et, en 1866, acheta La Liberté, feuille légitimiste qui végétait.
Après avoir salué l’ouverture du régime (1868), encouragé la guerre contre la Prusse (1870), la République venue il joua Thiers contre Gambetta et se rallia finalement aux opportunistes.
En 1873, il acquit le très populaire Petit Journal qu’il plaça au service de la République modérée. Député de Paris (1876), directeur d’un nouveau quotidien, La France, président de la commission qui, dès 1878, prépara la loi sur la presse (votée en 1881), son étoile toujours brillante, avec la République il acheva de conquérir le prestige et la respectabilité après lesquels il courut toute sa vie.
Emile de Girardin fut inhumé auprès de la tombe de sa femme.