Parti faire ses études à Paris, il y côtoya de grands noms littéraires de l’époque, devint rédacteur à L’Echo de Paris, critique théâtral et musical à La République française, et nourrit très vite ses propres ambitions d’auteur dramatique, se réclamant aussi bien de l'humanisme du théâtre antique ou élisabéthain, que des théories de son époque tel le naturalisme. Sa première pièce, Le Diable marchand de goutte, dans la lignée du théâtre symboliste, fut d'ailleurs saluée par ses pairs.
Témoin des remous qui agitaient le monde du spectacle parisien, il s’orienta vers un théâtre novateur, proche du public, qui exprimait les idées morales qui lui étaient chères : « un théâtre à la portée de tous les publics, un divertissement fait pour rapprocher les hommes et gommer les clivages sociaux et culturels ».
En 1895, au cours d’une de ses habituelles villégiatures à Bussang, son village natal et fief familial, l’idée lui vint de monter Le Diable marchand de gouttes, qu’il venait d’écrire, pour une seule représentation. Aidée de sa femme, tandis que les premiers rôles étaient distribués aux membres de la famille Pottecher, les seconds rôles et la figuration étaient tenus par les habitants du village et les ouvriers des usines environnantes. Le succès rencontré marqua le début de la grande aventure du Théâtre du peuple, du théâtre pour tous.
Véritable pionnier du théâtre « populaire », l'ambition affirmée de Maurice était à la fois d'ouvrir le théâtre à tous les spectateurs et de confier certains rôles à des comédiens amateurs.
Encouragé, entre autres, par Tolstoï, s'il ne cherchait pas à impulser un mouvement théâtral national, son œuvre n'en fut pa moins fondatrice du Théâtre Populaire tel que l’ont pensé et réalisé plus tard Gémier, Copeau, Vilar ou Dasté. Parmi les grands noms qui fréquentèrent Bussang, on peut citer la troupe de Sacha Pitoëff.
Depuis la représentation en plein air de 1895, la scène du théâtre a bien changé en s’agrandissant et en se modernisant avec le temps. Dès son origine, il fut solidement construit en bois de la région pour recréer une atmosphère proche de celle des chalets ou des granges et permettre ainsi aux spectateurs de retrouver un univers familier.
Ancré au cœur du massif vosgien, bien éloigné des mondanités parisiennes et autres théâtres géographiquement inaccessibles, ce théâtre a toujours réussi à regrouper « les bonnes volontés, désintéressées, anonymes et recrutées dans toutes les classes sociales […] et un public « si fidèle, si varié, ouvriers, cultivateurs, citadins et lettrés qui, dans la même joie, se côtoient et se sourient aux entractes, sous les ombrages du grand parc ».
Malgré des fortunes diverses, le théâtre est toujours bien là bénéficiant d'un souffle de renouveau.