Devenu l’élève de Carissimi, reconnu comme le plus grand musicien romain de l'époque, il composa de nombreuses histoires sacrées en latin et fut le seul Français de cette période à s'être attaché à ce genre avec autant d'assiduité. Manifestement impressionné par les grandes compositions polychorales que l'on entendait dans les principales églises de Rome, on lui doit de nombreux motets à double chœur, notamment sa Messe à quatre chœurs exemple absolument unique en France.
De retour en France à fin des années 1660, il s’installa à Paris chez Marie de Lorraine, petite-fille d’Henri de Guise « le balafré ». Elle adorait la musique et avait à cœur d'entretenir dans son hôtel un ensemble de musiciens et de chanteurs d'une qualité sans pareille. Egalement au service d'Elisabeth d'Orléans, Charpentier offrit à ses deux protectrices et à leur entourage autant d’œuvres sacrées que profanes qui lui valurent une jolie renommée au point que, en 1672, Molière lui demanda de remplacer Lully pour assurer la partie musicale de ses comédies-ballets. Mais c'est avec une nouvelle pièce de Molière, Le Malade imaginaire, créée 10 février 1673, qu’il put donner la pleine mesure de son talent.
Malheureusement, la mort de Molière mit une fin prématurée à la collaboration des deux artistes. Confronté à la toute puissance de Lully, Charpentier continua néanmoins de travailler pour la Troupe du roi nommée à partir de 1682, la Comédie-Française.
Cette même décennie le vit aussi œuvrer pour différents établissements religieux, notamment des Jésuites à partir de 1688, et devenir maître de musique du collège Louis-le-Grand, puis de l'église Saint-Louis.
Ambitionnant une reconnaissance à sa mesure, il se présenta au concours des sous-maîtres de musique de la Chapelle royale (1683) duquel, tombé malade, il ne put assumer l’ensemble des épreuves. Cependant, Louis XIV le tenant en haute estime, il fut sollicité, à diverses occasions, à prendre part au cérémonial royal ou princier, pour célébrer, entre autres, la mémoire de la reine Marie-Thérèse ou pour fêter la guérison de la fistule du roi (1687).
En 1693, il fit représenter à l'Académie royale de musique Médée, son unique tragédie en musique, sur un livret de Thomas Corneille. Enfin, nommé maître de musique des enfants de la Sainte-Chapelle (1698), ce fut l’époque de ses grands chefs-d’œuvre avec la messe Assumpta est Maria, l'histoire sacrée Judicium Salomonis ou encore le Motet pour l'offertoire de la Messe Rouge.
Homme d’une discrétion laissant certains pans de sa vie inconnus, compositeur prolifique (quelque six cents partitions) et polyvalent, son œuvre était presque complètement oubliée lorsqu’en 1953 fut révélé son Te Deum, dont l'ouverture orchestrale servit d'indicatif à l'Eurovision et d'hymne au Tournoi des Six Nations. De nos jours, il est l’un des compositeurs baroques les plus présents en disque et en concert.
Marc-Antoine Charpentier mourut dans sa maison de la Sainte-Chapelle où il fut inhumé dans la chapelle basse avec une tombe probablement très simple.
Que devint sa dépouille par la suite ? A ce jour, le mystère reste entier. Néanmoins, dans le cadre de recherches pour un article à venir sur la Sainte-Chapelle, je ne désespère pas de trouver la réponse à cette question qui concerne aussi toutes les autres personnalités inhumées en ce lieu. La tâche s'annonce apparemment ardue car, excepté le cas bien connu de Nicolas Boileau, on est confronté à un vide sidéral d'informations sur le sujet...