Meunier et tisserand, Chatelain s'attacha aux armées vendéennes après avoir perdu dans la guerre sa femme, son fils et peut-être sa mère.
Après la déroute du Mans, il se joignit aux Chouans du pays de la Flèche. Son tempérament vif et nerveux lui valut, par antiphrase, le surnom de « Tranquille ». Ainsi dénommé, il allait désormais jouer un rôle prépondérant parmi les Chouans de la Sarthe : de 1795 à la chute de l'Empire, il participa à de très nombreuses affaires, principalement s¤us le Directoire et le Consulat.
Traqué, sa tête mise à prix, il échappa à toutes les recherches et, avec Louis de Bourmont, futur maréchal de France, il s'empara du Mans en 1799 et pilla les caisses publiques et les bureaux de l'administration.
Arrêté en 1801, il fut libéré à la pacification. Bien que mis en surveillance à Angers, il ne tarda pas à s'échapper et reprit la campagne, attaquant les diligences sur les routes. Sous l’Empire, « Tranquille » était devenu un des cauchemars du préfet de la Sarthe.
Nommé maréchal de camp au retour de Louis XVIII, il reprit du service au cours de l'insurrection chouanne et vendéenne en 1815 et rentra victorieusement dans la ville du Mans avec le général d'Ambrugeac (1771-1844) le 8 mai 1815. On l'acclama et on composa même une chanson en son honneur : " « Vive Tranquille » sur l’air de « Vive Henri IV ».
Cette chanson était très populaire dès le vivant d’Henri IV au point de rentrer dans le répertoire des chansons traditionnelles. Deux siècles après sa création elle faisait figure d’hymne quasi officiel sous Louis XVIII. De nos jours, elle fait encore partie du répertoire des royalistes. Reprise dans plusieurs films, en voici la version arrangée par René Cloërec, et interprétée par les Quatres Barbus, pour le film de Claude Autant-Lara, Vive Henri IV, vive l'amour (1961). Et bien sûr les premières stophes adaptées en 1815 pour Chatelain.