Menant alors de front une carrière en Italie et en France, elle remporta le prix de d’interprétation féminine à la Mostra de Venise (coupe Volpi) pour Trois chambres à Manhattan (1965) de Marcel Carné.
Beaucoup de naturel, de franche gaité et de pétulance au service d’un talent certain qui, dans les années 1970, en fit l’idole des Français. Elle enchaîna les comédies populaires avec Michel Audiard : Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause ! ; Elle cause plus, elle flingue, et avec Philippe de Broca : Tendre poulet (1977) ; Le Cavaleur (1978) ; On a volé la cuisse de Jupiter (1980) ou encore avec Claude Zidi : La Zizanie (1978).
Connue pour sa gouaille énergique, elle incarna durant la même période des héroïnes modernes et actives ou libérées des conventions : Docteur Françoise Gailland, prestation pour laquelle elle obtient le César de la Meilleure actrice (1977); Vas-y maman (1978) ; Mourir d'aimer (1971) ; La Clef sur la porte (1978), etc.
Néanmoins, après ses heures de gloire, sa carrière s'essouffla la décennie suivante. Hormis quelques apparitions dans des films mineurs, elle dut attendre 1996, et la version revisitée des Misérables de Lelouch, pour la retrouver sur le devant de la scène au cinéma. On se souvient du discours émouvant prononcé durant la fameuse cérémonie où elle se vit attribuer l’aumône du César du Meilleur second rôle : «Je ne sais pas si j'ai manqué au cinéma français, mais le cinéma français m'a manqué... follement... éperdument, douloureusement. Votre témoignage, votre amour, me font penser que peut-être, je dis bien peut-être, je ne suis pas encore tout à fait morte.»
Des prix, elle s'en vit encore décerner : César du Meilleur second rôle féminin en 2002 pour La Pianiste et, la même année, le Molière de la Meilleure comédienne pour la pièce Madame Marguerite.
Bien qu’atteinte de la maladie d'Alzheimer, avec le soutien de ses proches, elle continua malgré tout à tourner jusqu’en 2006. En 2008, le réalisateur Nicolas Baulieu lui consacra un émouvant documentaire qui revenait longuement sur les ravages de sa maladie.
A son décès, au grand écœurement et à la colère de sa famille et de ses vrais amis, on vit se précipiter une foule de la soi-disant grande famille du cinéma venir témoigner et rendre des hommages éplorés alors que ces même personnes avaient laissé tomber l’actrice depuis longtemps.
Mais au moment de ses obsèques, on mit les querelles entre parenthèses et tout le monde se retrouva en l’église Saint-Roch, puis au cimetière du Père-Lachaise où elle fut inhumée dans la sépulture de sa mère. Des centaines d’anonymes vinrent aussi témoigner de leur attachement à celle qui incarna avec sincérité et intensité des personnages ordinaires, auxquels ils purent s’identifier, et qui lui conférèrent une popularité sans pareille. Sa tombe est toujours visitée, bien entretenue et joliment fleurie.