Yolande Martine Gabrielle de Polastron avait épousé le comte Jules de Polignac qui fut fait duc par Louis XVI. La meilleure amie de Marie-Antoinette, à qui tant de faveurs royales furent accordées, n’était pourtant pas une inconditionnelle des mondanités de la cour. Calomniée parce que jalousée, le plus grand reproche qu’on pourrait faire à cette ravissante jeune femme est sa légèreté de caractère et sa frivolité.
Si Yolande n’était pas sans défauts, elle est loin d’avoir été le monstre décrit dans des textes qui la rendent pratiquement responsable de la petite vérole sur terre ! En fait, Mme de Polignac et son époux, tant aimés du couple royal, issus tous deux de familles habituées à fréquenter la cour depuis des lustres, aussi aimables et attachants qu’ils aient pu être, n’avaient pas la stature nécessaire pour faire face à la lumière que les projecteurs de l’histoire jeta sur eux durant cette difficile période.
Le 16 juillet 1789, c’était la panique à Versailles. Rester ou fuir ? La reine craignant pour la vie de Yolande qui était vilipendée depuis des années, laissa s’éloigner « la plus tendre des amies ». La Révolution avait deux jours. Les deux femmes correspondirent mais ne se revirent jamais ; car à dater de ce jour les Polignac, après une longue errance en Europe, s’installèrent à Vienne au 89, de la rue Auf der Wien, hôtel appartenant aux Esterházy.
Yolande était atteinte de phtisie. L’annonce de la mort de Louis XVI n’arrangea pas sa santé précaire et son moral. Elle n’avait plus de goût à rien. Elle pleurait et dépérissait. C’est du fond de son exil viennois qu’elle apprit la mort de Marie-Antoinette. Rongée par les remords et la maladie, sa véritable agonie commença. Elle ne survécut qu’un mois et demi à sa royale amie. Laissons aux as de la polémique la comparaison avec le comportement de la princesse de Lamballe. Elle décéda au 8 Paniglgasse à Vienne. Et depuis...on cherche où elle repose. Même la famille ignore de quel cimetière il pourrait s'agir.
Avec beaucoup de courtoisie, M. de Polignac, demeurant au château de Lavoûte, m'a reparlé de la fameuse pierre tombale sur laquelle était simplement gravée la mention « Morte de douleur le 9 décembre 1793 » sans en connaître le lieu.
Il m'a également fait part que, compte-tenu des liens existants entre les Polignace et les Esterházy, on ne pouvait exclure une inhumation de la princesse dans un caveau de cette famille. L'un de ceux-ci se trouve dans le monastère franciscain St Michael d'Eisenstadt en Autriche où il n'y a pas trace de Yolande de Polignac. Il m'a aussi confirmé que son ancêtre n'avait jamais rejoint le caveau familial à Lavoûte.
Son père, le colonnel et Jean-François-Gabriel de Polastron fut guillotiné le 9 messidor An II (27 juin 1794) et fut inhumé au cimetière de Picpus, comme son fils, Jules de Polignac qui s’illustra sous la Restauration.