Lui, si profondément francophile, avait été entraîné par le jeu de l’alliance militaire dans la guerre franco-prussienne de 1870. L’année suivante, il ne put empêcher l’intégration de la Bavière dans le Reich de Bismarck.
Beau et athlétique, le jeune roi était aimé de ses sujets. Mais derrière cette superbe apparence se cachaient nombre de fêlures et une fragilité psychologique, portant à la mélancolie, que partageaient plusieurs Wittelsbach dont son frère, Othon, interné pour démence ou encore sa cousine, Elisabeth d’Autriche.
Malgré une certaine autonomie, son royaume venait de perdre son indépendance. Déçu par les revers politiques, roi potiche, solitaire, romantique et très sensible, Louis se créa alors un royaume dans un monde à part dont il était le héros de légende improbable. Tour à tour Lohengrin, Tannhäuser ou commandeur des croyants, il se perdit dans ses rêves auxquels il offrit les décors les plus fous, les plus incroyables tel le château de Neuschwanstein.
Admirateur sans limite de Richard Wagner, il fit venir le compositeur qui lui livra la seule musique capable d’accompagner cette âme tourmentée dans son monde fantasmagorique dont il était vraiment le roi et l’unique spectateur.
En 1867, conscient que son peuple souhaitait un mariage et un héritier, il se fiança à sa cousine, Charlotte de Bavière, sœur cadette de Sissi, avec laquelle il partageait la même obsession de l’absolu. Mais Louis était homosexuel et bien qu’il luttât pour réprimer ses désirs, Charlotte n'était pas une héroïne de légende mais une femme à satisfaire. Quelle que fût la vraie raison, Louis rompit les fiançailles. Pour étouffer le scandale, la jeune femme épousa Ferdinand d’Orléans, duc d’Alençon. Et depuis, malgré son enfermement dans la solitude, Louis connut plusieurs amants.
Cependant, au fur et à mesure que sa mégalomanie le coupait de la réalité, celle-ci le rattrapait. Non seulement il négligeait ses fonctions mais ruinait les finances du royaume par ses extravagances architecturales. L’emprise de Wagner sur le roi était aussi l’objet d’un mécénat dispendieux. A l’instar de son modèle pour la France, Louis XIV, il voulait imposer la grandeur de la culture germanique.