Afin d’éviter tout problème avec son ami, le roi proposa de marier Charlotte à son neveu, Henri II de Bourbon-Condé, et de l’installer auprès de la reine. Bassompierre, la mort dans l’âme, s’inclina devant la volonté royale car cette fois il ne s’agissait pas de partager entre eux une galante. Il s’agissait d’amour.
Malgré ses réticences, Condé, dont les femmes n’étaient pas toujours ses mets préférés, fut bien obligé, lui aussi, d’accepter la décision d’Henri.
Mais, contre toute attente, voilà qu’il tomba amoureux de sa femme. Cocu complaisant ?
Jamais ! Il s’enfuit avec Charlotte à Bruxelles. Là, contraint de quitter la Belgique par les autorités qui ne voulaient pas aggraver leurs relations avec le roi de France, il partit fomenter contre la France, laissant Charlotte à Bruxelles sous la protection des archiducs.
Henri, de son côté, était prêt à tout pour récupérer la belle y compris la faire enlever et répudier la reine ! Et puis finalement comme les Provinces-Unies refusaient toujours de lâcher leur proie, Henri ferait la guerre : depuis le temps qu’elle couvait, autant la faire maintenant !
Aucune de ces folies n’eut lieu, Ravaillac y veilla.
Après l’assassinat d’Henri IV, Charlotte retrouva son mari qui la menaça de répudiation en raison de sa légèreté avec feu le roi. Menace qu’il n’exécuta jamais ce qui permit à Charlotte d’être la mère du célèbre Grand Condé et de la célèbre frondeuse, la duchesse de Longueville.
Puis vint le temps où Charlotte souhaita se retirer du monde en prenant l’habit de religieuse au couvent des Carmélites de la rue Saint-Jacques dont elle fut une grande bienfaitrice. La mort la surprit à Châtillon-sur-Loing avant qu’elle ne le fasse. Selon sa volonté, elle fut inhumée dans le cloître, sous une tombe plate de marbre blanc, comme une simple religieuse.
Le couvent fut fermé à la Révolution, après avoir subi les profanations et destructions inhérentes à cette période, et son terrain loti. La dépouille de Charlotte disparut dans la tourmente.