Ce fut avec le même zèle qu’il s’attacha à Louis XIII, y compris contre les intrigues de sa mère. Bref, tout allait pour mieux quand un gros grain de sable vint faire grincer la roue de sa fortune. Et quand le gros grain s’appellait Richelieu… qui haïssait Bassompierre qui le lui rendait bien. En ces temps troublés par des princes qui ourdissaient contre le cardinal, il était d’autant plus facile pour Richelieu d’associer le Lorrain à un complot que certains grands étaient proches de lui et qu’il avait épousé Mme de Conti de la famille des trublions. Alors, pour le « mettre à l’abri de dangereuses tentations et de mauvaises influences », Louis XIII approuva son emprisonnement qui ne devait pas être très long. Bassompierre rentra à la Bastille en février 1631 et en sortit en janvier 1643. Douze ans ! Douze ans d’espoirs d’élargissement toujours reportés dont il profita malgré tout pour écrire ses Mémoires dans un style qui fait encore l’admiration de bien des écrivains. Enfin Richelieu eut le bon goût de mourir.
Bassompierre était libre mais quasi-ruiné. Prié de rester en Normandie à sa libération, il revint à la Cour peu avant la mort de Louis XIII. La régente, Anne, lui étant très favorable, Bassompierre rentra de nouveau en possession de charges qui lui avaient été retirées.
Malgré son revers de fortune, Bassompierre tentait de faire illusion. Mais les temps avaient changé et lui aussi. Vieilli, sourd, un peu radoteur, il représentait une époque révolue où cet ancien roi du beau monde n’avait plus guère sa place, même si sa politesse tranchait avec la grossièreté et l’insolence des jeunes godelureaux de la nouvelle génération.
Un peu las de la moquerie générale qui l’entourait, Bassompierre s’en alla visiter des amis en province. En revenant de sa tournée amicale, il coucha dans une hôtellerie de Provins. Le lendemain matin, ses serviteurs le trouvèrent dormant du sommeil éternel. On dit qu’il mourut d’une trop grande quantité d’opium prescrite par son médecin suite à une mauvaise fièvre dont il semblait guéri. Après avoir prévenu des amis du défunt, les domestiques placèrent sa dépouille dans un de ses carrosses pour le mener au plus vite dans son château de Chaillot où, à cause de la décomposition rapide du corps, les obsèques, bien que solennelles, se firent sans tarder.
Inhumé en l’église Saint-Pierre de Chaillot ?
Déjà au 11ème siècle, il y avait au village de Chaillot, une chapelle paroissiale et seigneuriale, qui fut agrandie et érigée en paroisse en 1659 sous le vocable de Saint-Pierre quand cette commune devint faubourg de Paris. Elle se situait au n°26 de la rue de Chaillot. Selon Tallemant des Réaux., il fut inhumé à Chaillot « probablement inhumé dans cette chapelle ou dans un caveau ». Compte tenu des lieux de sépultures de l’époque sur la colline de Chaillot, c’est effectivement fort probable.
En 1679, cette église fut remplacée par une nouvelle, elle-même agrandie en 1750, fermée en 1793, rendue au culte en 1803 et remplacée, à partir de 1938, par l’église Saint-Pierre-der-Chaillot au n° 31 de l’avenue Marceau érigée en partie sur l'ancien édifice. Autant de travaux après sa mort qui firent perdre la trace de sa tombe à une date inconnue.