Au retour d’une saison à Rouen, il revint à Paris où Molière le remarqua et l’engagea dans sa troupe du Palais-Royal. Nous sommes aux environs de 1665 ; Molière se prit d’affection pour ce jeune remarquablement beau et l’installa chez lui. Formé par l’écrivain lui-même, il lui arriva de le doubler. Mais Armande Béjart ne vit pas d’un bon œil cette adoption et lorsque Baron acquit la faveur du public, la mesure fut à son comble. Baron s’enfuit, joua dans d’autres troupes qui bénéficièrent toutes de sa renommée. De retour à Paris, il eut le triste privilège d’assister aux derniers instants de Molière et d’essayer de faire, vainement, que celui-ci ne mourût pas en excommunié.
Après la mort de Molière, il passa à l’hôtel de Bourgogne où, avec son noble maintien, la mimique expressive de son visage et de ses gestes, l’utilisation d’un ton naturel qu’il fut l’un des premiers à adopter, il était adulé du public.
En 1691, alors qu’il était au sommet de sa gloire, il annonça qu’il quittait la Comédie Française et la profession. Il voulait rentrer en grâce avec l’Eglise en renonçant à une profession qu’elle répudiait.
Habitué au faste, dépensier, ayant des enfants à charge, Baron se retrouva dans la gêne à laquelle il survécut vingt-neuf ans grâce à une pension du roi, des cours de théâtre et ses pièces qui se donnaient encore à la Comédie Française. Puis, le 10 avril 1720, il remonta sur scène devant un parterre de choix se bousculant pour admirer la légende : même le Régent était présent.
Peut-être à cause de son succès, le grand comédien s’obstinait à nier le temps qui passait et refusait d’endosser des rôles de son âge déclenchant ainsi les railleries des nouvelles générations.
Déjà en 1728, il avait failli succomber à une crise d’asthme. Le 3 septembre 1729, il fut pris d’un étouffement alors qu’il était sur scène; il n'y remonta plus.
Il mourut un peu plus de trois mois plus tard après avoir reçu les sacrements. Par testament, il avait souhaité être inhumé dans le cimetière de l’église Saint-Benoît. L’Eglise en décida autrement et lui accorda, par faveur spéciale, les honneurs de la nef, comme le confirme les registres de Saint-Benoît, en présence de son fils et de son petit-fils.
Sa tombe, ou plus exactement ses restes, disparut avec la désaffection ou la démolition de l’église.