Louis XIII dit le Juste ou le Chaste et le bien nommé.
Si ces sobriquets révèlent des qualités méritoires pour un souverain, ils énoncent aussi un règne bien terne. Entre le règne bouillonnant de son père et celui flamboyant de son fils, celui de Louis XIII ressemble à un éteignoir.
Et pourtant ce n’est pas l’agitation qui manqua autour de lui. La politique et la personnalité de Richelieu furent à l’origine de bien des rebellions et de trahisons. Mais Louis XIII, quoiqu’il lui en coûtât, ne faillit jamais à son ministre détesté. Pour lui, l’Etat passant avant toute considération personnelle, aucun des adversaires de Richelieu ne trouva jamais grâce à ses yeux. En cela il eut bien du courage car la liste des ennemis farouches du cardinal était impressionnante tant en quantité qu’en qualité. En effet, se disputant le privilège de la sédition, se présentaient en rang serré des personnages tels que la reine-mère, Marie de Médicis - sa femme, Anne d’Autriche et son frère l’éternel trublion Gaston d’Orléans. Si ceux-là ne pouvaient être condamnés à mort, Cinq-Mars, Henri de Montmorency et de Thou, entre autres, payèrent de leur vie la mauvaise idée d’avoir suivi les têtes d’affiche dans un instant d’égarement.
Pétri de religion, craignant le pêché; Louis XIII n’eut que deux "maîtresses", et encore ne furent-elles que platoniques, Mlles d'Hautefort et de La Fayette. En la matière, point de résistance à une inclination à saluer car Louis XIII abhorrait les choses du sexe et ce au grand dam de la première concernée, Anne d’Autriche qui ne connut guère les assauts d’un mari empressé. Seules des amitiés équivoques comme celle nouée avec Cinq-Mars apportèrent un peu d’euphorie au roi. Détermination sans faille à ne pas céder aux choses du sexe ou homosexualité latente comme certains l'affirment ?
Certes, doté de bien plus de vertus que de défauts qui pouvaient en faire un grand roi, son règne fut pourtant sans éclat. Sa sobriété, son indifférence au faste et sa chasteté en ont fait un personnage sévère et sec. Son règne avait débuté par la domination de sa mère. Par la suite, son unique erreur fut sans doute d’avoir laissé le « vedettariat » à Richelieu dont il connaissait pourtant les faiblesses mais aussi les grandes qualités qu’il préféra privilégier au détriment de sa propre image historique.
S’il avait su que son nom évoquerait surtout à la postérité un style mobilier massif et des intérieurs assombris par des velours cramoisis aurait-il changé quelque chose ? Voilà qui n’est pas certain car on ne refait pas si facilement sa nature.
La rechute de la maladie qui emporta Louis XIII, « une espèce de dysenterie avec des accès de fièvre », commença à le saisir le 21 février. Ce fut l’occasion pour la famille royale de resserrer les rangs. En à peine trois mois Louis passa d’état de grabataire à celui de moribond. Pensant à son salut éternel, il écoutait pieusement les lectures saintes. Pour préparer son voyage sans retour, Louis avait auprès de lui le meilleur intercesseur qui soit : saint Vincent de Paul. Il lui fallut rentrer en agonie pour qu’il cessât enfin de travailler.
Avant la célébration des funérailles, son fils, le jeune Louis XIV et sa mère Anne d’Autriche prirent le pouvoir, opérant ainsi une rupture du rituel.
Durant trois jours sa dépouille resta exposée au « château neuf ». Puis elle fut mise dans un cercueil de plomb et portée sans aucune solennité jusqu’à la basilique Saint-Denis. Ainsi l'avait exigé Louis XIII qui voulait éviter « à ses peuples » la lourde charge financière qu’auraient généré de grandes cérémonies. Aussi, le peuple déjà profondément et sincèrement affligé de son trépas, marqua-t-il encore davantage sa reconnaissance et sa peine.
C’était la dernière fois qu’un souverain français était porté en sa dernière demeure entouré de l’affection de son peuple. Mais durant ce triste moment, qui aurait pu se douter qu'il en serait autrement ?
Extrait de sa sépulture le 14 octobre 1793, lors des profanations révolutionnaires, sa dépouille, bien conservée, fut reconnue à sa moustache. Jetée dans une fosse, elle retrouva une tombe dans l'ossuaire de la basilique en 1817.
► Le cœur
Pour conserver le coeur en l’église Saint-Louis-des-Jésuites qu'il avait avait fondée, Anne d’Autriche commanda un monument dont seuls les médaillons de marbre sous l'arche nous sont parvenus et sont aujourd'hui exposés au Louvre.