Témoin de l’effrayante misère du peuple et de l’incapacité immédiate du Directoire à la résoudre, il voulut passer à une forme d’action plus radicale mais, dénoncé, il fut arrêté en tant que chef de la
« Conspiration des Egaux ».
Trahi par le dénommé Grisel, agent introduit par le Directoire, il fut arrêté le matin du 21 floréal an IV dans la chambre où il avait passé la nuit à méditer sur l’insurrection et la réforme.
Drouet, faisant partie des Cinq-Cents, ne pouvait, selon la règle, être jugé à Paris mais à au moins cent-vingt kilomètres de la capitale.
On chercha donc une ville correspondant à ce critère parmi d’autres. Le choix s’arrêta sur la Haute Cour siégeant à Vendôme.
Plus d’une soixantaine de personnes étaient impliquées dans cette conspiration dont Drouet, Antonnelle et Félix Lepelletier de Saint-Fargeau (le frère de Louis Michel mort assassiné).
Soixante-cinq personnes étaient concernées par le procès. Et quel procès ! Pendant trois mois, de virulentes joutes oratoires opposèrent l'accusation à Babeuf et à ses amis qui, à plusieurs reprises, bénéficièrent du soutien du public. A leurs terribles accents de colère, à leur liberté de langage, à la manière dont ils récusaient la compétence du tribunal, les accusés ne trahirent pas leur image de combattants. Si certaines séances furent orageuses, il y en eut aussi de poignantes où le chef des conjurés, au comble de l'émotion, exposa sa doctrine et provoqua les sanglots de l'assistance. La salle en émoi reprenait même avec eux les chants révolutionnaires. Le verdict a d'ailleurs suscité un grand tumulte dans l'assistance.
Entre les condamnés au bagne, les acquittés et les fuyards (dont Drouet), Babeuf se retrouva seul devant le tribunal avec le dénommé Darthé. Tous deux furent condamnés à mort.
A l’annonce du verdict, Gracchus aurait tenté de se suicider en s’enfonçant dans le corps, qui un fil de laiton, qui un stylet, qui un poignard….
Le lendemain matin la guillotine rattrapait l’histoire d’un Gracchus Babeuf déjà mourant. C’était sur la place d’armes (Place de la République).
Or, il est à noter que depuis le début de cette affaire les Vendômois, ayant pris fait et cause pour les conjurés, n’auraient jamais accepté un tel traitement sans réagir. D’autre part, même si en 1797 l’époque était encore troublée, les exécutés étaient toujours conduits dans une fosse après une exécution officielle. Enfin, si les autorités avaient eut l’intention de se débarrasser des corps pour éviter tout hommage ultérieur sur leur tombe, elles se seraient chargées de les faire disparaître, ce qui ne fut pas le cas.
Les deux corps restèrent exposés au public une partie de la matinée et puis, aucun document n’ayant été retrouvé concernant leur inhumation, la légende prit le pas sur les faits.
Les deux corps auraient été jetés à la voirie et récupérés ensuite soit par des paysans des hameaux de la Chappe, soit par ceux de Montrieux, qui les auraient ensevelis dans un champ.
Plus réaliste et certainement plus probable est la version dorénavant retenue. Les corps furent transportés au cimetière principal de la ville situé au Grand Faubourg et inhumés dans une même fosse anonyme.
En 1832, le nouveau cimetière de la Tuilerie était ouvert sans que les tombes de l’ancien cimetière n’y soient toutes transportées. Ainsi se perdit la trace de Gracchus Babeuf.
Une fois acquitté, Félix Le Pelletier de Saint-Fargeau, ne voulant pas être en reste vis à vis de ceux qui s’étaient occupés de sa nièce après l’assassinat de son frère Louis Michel Le Pelletier de Saint-Fargeau, adopta à son tour le fils de Gracchus.
Sources: Tous mes remerciements à Mr Pasquier historien local de Vendôme