Il se porta volontaire en 1918 pour combattre durant toute la guerre. En 1925, il s’investit dans la jeunesse catholique et , en 1931, lança les équipes sociales » et anima les « nouvelles équipes française » dans le sillage de Marc Sangnier.
Père de famille nombreuse, il ne fut pas mobilisé en 1939 mais réussit à organiser l’aide aux réfugiés et le secours national. Eclatant en sanglots à l’occupation de Paris par les Allemands, Michelet refusa la capitulation. Le 17 juin 1940, soit la veille de l’appel de Charles de Gaulle, il distribuait avec quelques amis des tracts dans les boîtes aux lettres. Ainsi Michelet est-il considéré comme le premier résistant de France.
Déjà dans les années 1930, il avait organisé une série de conférences sur : « Les dangers qui menacent notre civilisation » dont « l’antisémitisme », « le racisme », « l’Etat totalitaire » et « Comment défendre la personne humaine en danger ». On ne sera donc pas surpris de son engagement précoce dans la seconde Guerre mondiale.
Ayant pris la tête du mouvement « Combat » dans le Limousin sous le pseudonyme de Duval, il fut arrêté par la Gestapo à Brive le 25 février 1943. De la prison de Fresnes, il fut déporté à Dachau le 15 septembre.
Pendant vingt mois, Michelet eut un comportement exemplaire de générosité et de courage. Il réussit à réunir toutes les tendances politiques au sein du camp afin d’aider leurs camarades.
Le 29 avril 1945, le camp était libéré et Michelet aussi. Atteint du typhus, il fut l’un des derniers à regagner la France où son sens moral le désigna pour présider le Comité patriotique français de Dachau.
De son côté, De Gaulle cherchait un ministre des Armées. Il lui fallait un homme capable de coopérer avec le communiste Charles Tillon, nommé Ministre de l’Armement, mais de résister aux pressions du parti. Bien que non militaire, Michelet ayant fait preuve de cette capacité comme résistant, il devint l’homme de la situation. Il resta à son poste durant les deux gouvernements provisoires de 1946.
Membre et député du MRP (Mouvement des Républicains Populaires), il en fut exclu en 1947 pour avoir souhaité et prédit le retour de De Gaulle. Il rejoignit naturellement le RPF du général, puis le groupe des républicains sociaux à l’instar de Jacques Chaban-Delmas.
En 1950, en signe de pardon et d’apaisement, il déposa un amendement pour la libération de Philippe Pétain qui fut rejeté. Elu sénateur RPF en 1952 puis président de la commission sur les affaires d’Indochine (1955) et vice-président du Conseil de la République (1957), Michelet ne cessa de combattre pour la paix et l’amnistie.
Après la crise de 1958, De gaulle le rappela et le nomma ministre des anciens combattants et Victimes de guerre, puis ministre de la Justice en 1959. C’est à ce poste qu’il eut les moyens d’agir en homme de foi en cherchant à humaniser et à moderniser la justice en adoucissant la condition carcérale, en réformant le régime des sociétés, les régimes matrimoniaux et le statut de la famille.
En 1961, désireux d’humaniser le sort des prisonniers du FLN, qui deviendraient des interlocuteurs de la France à l’indépendance de l’Algérie, Michelet s’opposa à Michel Debré, alors Premier Ministre mais aussi son ami, et démissionna.
Jacques Chaban-Delmas en profita pour le nommer au Conseil Constitutionnel où il resta jusqu’à son retour dans le gouvernement de Georges Pompidou, en 1967, comme Ministre d’Etat chargé de la Fonction publique, mission qu’il quitta le 31 mai 1968.
L’échec du référendum de 1969, qui fit tomber De Gaulle, le secoua profondément et il mit toutes ses forces dans le soutien à Pompidou. Ce dernier le rappela pour succéder à André Malraux au Ministère des Affaires culturelles. Malraux qui parla de lui comme « l’aumônier de France ». Sans remettre en cause la politique de son prédécesseur, Michelet se focalisa sur la défense du patrimoine avec une loi sur les monuments nationaux le 17 juin 1970 venant compléter celle du 13 décembre 1913.
Epuisé, souffrant d’insuffisances respiratoires, il prononça l’éloge funèbre de François Mauriac mort le 1er septembre 1970. Edmond Michelet le suivit dans la tombe quelques semaines plus tard le lendemain de son 71ème anniversaire.
Il fut inhumé dans sa tenue de prisonnier de Dachau dans la petite chapelle, édifiée en 1958, du hameau de Marcillac où il résidait. Bien que rattaché à Brive, le hameau, perché sur une colline, en est éloigné de quelques kilomètres.
Dans la chapelle, d’une grande sobriété, une simple croix marque l’emplacement de sa tombe, celle de son épouse, Marie, lui faisant face.
Au-dessus, accrochée au mur, une petite plaque où s’inscrit une citation de saint Jean-Vianney, curé d’Ars : « Il nous demandera si nous avons employé nos forces à rendre service à notre prochain ».
A l’extérieur, un monument en pierre orné d’un médaillon et d’une croix de Lorraine à ses pieds rappelle modestement sa présence.
Rescapé de l’enfer, un ancien déporté de Dachau disait : « Je suis athée, mais pour nous tous, Michelet, c’est l’image que nous pouvons nous faire d’un saint ». Depuis 1976, l’Eglise catholique instruit un dossier en vue de sa béatification.