C’est lui qu’Hitler chargea de retracer son arbre généalogique lorsque ses opposants lancèrent des rumeurs sur ses possibles racines juives. Ce qu’Hitler voulait avant tout cacher était les tares psychologiques de certains individus de sa famille. Frank se montra à la hauteur de sa mission en démontrant l’aryanité sans tache de son chef.
Ministre de la Justice en Bavière en 1933, puis ministre du Reich l’année suivante, Frank prit toute son importance en devenant président l'Académie de droit allemand de 1934 à 1941, période durant laquelle il s’efforça de refondre le droit allemand à travers le prisme du national-socialisme.
Nommé à la tête du Gouvernement général de Pologne en octobre 1939, Frank fut responsable des exactions commises contre les Polonais ainsi que de la politique d’extermination des Juifs des ghettos qu'il mit en place.
Despotique et lunatique, passant de la grande sentimentalité à la brutalité extrême, il lutta farouchement contre Himmler pour conserver son pouvoir. Himmler, suivant le plan d'Heydrich avait décidé, dès l'automne 1939, de la déportation des Juifs des territoires polonais incorporés au Reich vers le gouvernement général. Si au début Frank suivit le mouvement, en janvier 1940, ne sachant que faire des Juifs qui arrivaient sur son territoire, il protesta contre l'« invasion » forcée dont il était victime. Il parvint à faire cesser cette première déportation en attendant une meilleure « prise en charge » de la question juive.
En octobre 1941, il envisagea une déportation en URSS. Mais Alfred Rosenberg, responsable des territoires occupés en URSS, refusa énergiquement. Certains collaborateurs de Frank proposèrent alors de laisser mourir de faim les habitants des ghettos. Finalement, en décembre 1941, un embryon de solution fut trouvé : les SS expérimentèrent près de Lublin le gazage des individus.
Destinée à devenir après la guerre une terre de colonisation germanique, la Pologne se transforma en un vaste réservoir de main-d'œuvre pour l'industrie de guerre du Reich.
Quatre des six camps d'extermination du système concentrationnaire furent installés sur son territoire et sous son autorité : Majdanek, Treblinka, Sobibor et Belzec.
Ainsi put-il poursuivre trois objectifs majeurs : l’extermination des Juifs, l'élimination des élites polonaises et le pillage économique du pays au profit de l'industrie allemande.
Responsable de l'assassinat de milliers de Polonais, de la création des ghettos, dont celui de Varsovie, son surnom de « bourreau de la Pologne » n’était pas usurpé.
Malgré sa bonne volonté sans limite pour participer à la solution finale, sa rivalité avec Himmler lui valut de tomber en disgrâce auprès d’Hitler qui le démit de toutes ses fonctions sauf de celle de Gouverneur qu'il conserva contre son gré.
Hans Frank fut arrêté par les Alliés en mai 1945. Après une vaine tentative de suicide, il se retrouva sur le ban des accusés lors du procès de Nuremberg.