Himmler est un personnage difficile à cerner. Sorti de l’ombre après l’assassinat en 1934 de Ernst Röhm qu’il avait trahi, plus rien ni personne ne put se mettre entre lui et Hitler. Bien que chef de la Waffen SS, Himmler n’était pas un militaire. C’était un policier dans l’âme et être le chef suprême de la Gestapo lui permit de donner toute la mesure de ses talents dans ce registre. Il fut aussi le grand architecte de la « solution finale » concernant tous les Juifs d’Europe.
Après avoir fait régner la terreur sur l’Allemagne, le reste de l’Europe se mit à trembler car les Juifs n’étaient pas sa cible unique. S’agissant des Russes, Himmler aimait à dire que peu importait que dix mille femmes russes meurent en creusant un fossé, le plus important était que le fossé soit creusé et fait dans les délais pour les Allemands.
Ce théoricien mystique ne manquant pas d’imagination, son ombre plane derrière de nombreuses monstruosités parmi lesquelles on compte les Lebensborn, entreprise de reproduction à grande échelle destinée exclusivement aux SS censés représenter la pureté raciale aryenne.
Fin 1944 les circonstances l’amenèrent à accompagner sa chère Waffen SS sur le front russe. Peu après, se sentant une santé chancelante, il se réfugia dans un sanatorium près de Berlin pour soigner des maladies aussi vraies qu’imaginaires.
Mais aucun remède ne guérissant de la lâcheté et du sens de la trahison, Himmler contacta alors Folke Bernadotte, président de la Croix-Rouge suédoise, qu’il rencontra le 14 février 1945.
Que voulait Himmler ? Rien moins qu’enterrer la hache de guerre comme si toutes ces dernières années n’étaient qu’une mauvaise plaisanterie ! Il proposa une aimable capitulation dans laquelle, main dans la main Alliés et Allemands feraient face aux Russes ! Ensemble on pourrait aussi sauver des Juifs ! Pour se faire entendre il marchanda 15 000 prisonniers scandinaves. Ceux-là, au moins, eurent la vie sauve.
Les négociations échouèrent. Himmler se réfugia chez son médecin Felix Kersten à Hartzwalde où il apprit la mort d’Hitler.
Ne doutant de rien, il proposa alors ses services à Dönitz dans l’espoir de récupérer un poste. Keitel lui suggéra alors de plutôt disparaître sans ce faire remarquer. Ce qu’il fit. Avec un petit groupe il tenta de se fondre dans une Allemagne défaite. Sa cavale fut brève.
Le 4 mai, Montgomery avait reçu la reddition des armées allemandes du Danemark, des îles frisonnes et de la Hollande à Lüneburg (Allemagne) où un camp britannique avait été installé. Mêlé à d’autres prisonniers de guerre, Himmler fut amené dans ce camp où il abandonna son anonymat le 23 mai.
On l'amena au Q.G. des forces de sécurité au 31 de la Uelzener Straße àLüneburg.
Dans le but de trouver une capsule de poison, il subit une première fouille en règle. Rien. Méfiant, un gradé anglais le rapprocha de la lumière. Au moment où il voulut obliger Himmler à ouvrir la bouche pour mieux chercher, celui-ci le mordit, bascula brusquement la tête en arrière et croqua la capsule qu’il dissimulait depuis des heures. Il était 23h.14. On ne put le réanimer. Un grand humaniste du IIIème Reich était mort dont on fit le masque mortuaire avant de procéder à une autopsie qui confirma son identité.