En revanche, au déduit, Louise sut composer quelques chef-d’œuvres avec, entre autres, Victor Cousin, Musset, Alfred de Vigny et Flaubert avec lequel elle entretint une relation orageuse, elle resta la destinataire d’une importante correspondance et à qui elle inspira une bonne partie du caractère d’Emma Bovary. Outre être fort jolie, Louise ne manquait pas de tempérament ni d’intelligence. Politiquement libérale, elle avait ouvert un salon où se retrouvaient les acteurs du monde littéraire et qui fut aussi son vivier d’amants.
En 1839, l’Académie française lui avait pourtant décerné son prix pour Le Musée de Versailles mais la rumeur courut qu’elle ne l’avait obtenu que grâce à ses relations. La critique ne lui fut guère favorable et ses amours n’inspiraient pas toujours le plus grand respect, même lorsqu’elle accoucha d’une fille, Henriette, dont la paternité ne fut jamais établie entre son mari et Victor Cousin. Il est vrai que le couple Colet ne fut guère heureux et se sépara rapidement.
Ainsi quand Alphonse Karr écrivit en 1840 de son journal satirique Les Guêpes qu’elle avait reçu une piqûre de cousin, Louise tenta de planter un couteau dans le dos de son offenseur, heureusement pour lui sans parvenir à faire pénétrer la lame !
En ces prémices d’émancipation féminine, ses comportements extravagants, ses outrances sentimentalo-sexuelles, ses sympathies pour 1848 et pour la Commune ne purent masquer sa faiblesse littéraire. La reconnaissance tant espérée ne vint jamais. Louise sombra dans l’oubli, méprisée de cette intelligentsia qui, trente ans plus tôt, fréquentait assidûment son salon et recherchait ses faveurs.
Après la mort de son mari, elle subsista grâce à quelques écrits et à l'aide de Victor Cousin. Par la suite, elle rendit souvent visite à sa fille qui, mariée au docteur Emile Clément Bissieu, vivait à Verneuil-sur-Avre.
Louise Colet mourut à Paris et fut inhumée au cimetière de Verneuil où elle repose toujours entourée de membres de la famille Bissieu. Doucement le temps efface son nom gravé sur sa tombe.
On ne peut affirmer qu’elle ne fût pas inhumée un court moment au cimetière de Montmartre ce qui expliquerait peut-être pourquoi on y indique parfois sa présence, confondant ainsi sa sépulture avec celle de son mari.