Homme politique, par sa plume il soutint les Bourbons exilés et défendit la cause de la duchesse de Berry et de son fils Henri V. Grand voyageur, son goût de l’aventure le mena vers les sources d’inspiration d’une grande épopée chrétienne : Grèce, Asie Mineure, Égypte, et Palestine où, à Jérusalem, il fut le témoin affligé de l’état des tombeaux des anciens souverains chrétiens de la ville : Godefroy de Bouillon, Baudouin IV, etc.
Ses dernières années, tourmentées par les douleurs et les impotences d’un rhumatisme gouteux, furent amères et désenchantées. Désargenté, souvent triste et silencieux l'auteur des Mémoires d'Outre-tombe, d'Atala, etc., n’avait d’autre distraction que d’aller visiter Mme Récamier quelques heures par jour. Pour répondre à l’appel de son « jeune roi » Henri V, il entreprit deux derniers voyages, l’un à Londres (1843) et l’autre à Venise (1845) avant d’être atteint d’une paralysie les six derniers mois de sa vie.
Sa mort, due à une fluxion de poitrine, survint peu après que le canon des « journées de juin » 1848 eut cessé de retentir à Paris.
Sa disparition passa complètement inaperçue. Ses obsèques parisiennes, en l’église des Missions étrangères de la rue du Bac, auraient mérité plus de grandeur. Son corps fut déposé dans un caveau en attendant d’être transporté sur son rocher breton.
Qui mieux que Flaubert parlade son lieu de repos: "Il dormira là-dessous, la tête tournée vers la mer ; dans ce sépulcre bâti sur un écueil, son immortalité sera comme fut sa vie, déserte des autres et tout entouré d’orages. Les vagues après les siècles murmureront longtemps autour de ce grand souvenir ; dans les tempêtes elles bondiront jusqu’à ses pieds, où les matins d’été, quand les voiles blanches se déploient et que l’hirondelle arrive d’au delà des mers, longue et douce, elles lui apporteront la volupté mélancolique des horizons et la caresse des larges brises. Et les jours ainsi s’écoulant, pendant que les flots de la grève natale iront se balançant toujours entre son berceau et son tombeau, le cœur de René devenu froid, lentement, s’éparpillera dans le néant, au rythme sans fin de cette musique éternelle."
Son enterrement à Saint-Malo fut tout aussi "désopilant". C’était par un jour de tempête dans l’isolement grandiose de l’îlot du Grand-Bé. C’est là qu’il avait souhaité être inhumé parmi l’inquiétude des flots, de la mer et des vents qui avaient bercé son enfance.
Sa tombe, une simple dalle sans nom surmontée d’une lourde croix de granit, est face au large. Ainsi son passage vers l’éternité prolongeait-il encore un peu l’atmosphère de ses chefs-d’œuvre.