Révolutionnaire, régicide, peintre de l’Empire et signataire de signé " l’Acte additionnel aux constitutions de l’Empire", cela faisait beaucoup pour le gouvernement de Louis XVIII qui l’engloba dans sa liste de proscrits. L’Italie lui ayant refusé son territoire, il s’installa à Bruxelles où il retrouva d’autres exilés tels Barère, Cambon, Merlin de Douai, Alquier et Sieyès. Il refusa toutes les interventions visant à obtenir son retour en France.
Admiré, jalousé et honni, autant pour ses engagements politiques que pour ses choix esthétiques, David est l’un des rares artistes à avoir épousé à ce point les grandes causes de son temps en mêlant intimement art et politique. C’est bien ce qu’on lui reproche.
A partir de 1820, la santé de David déclina et s’aggrava lorsqu’en 1824 il fut renversé par une calèche. En novembre 1825, victime d’une congestion cérébrale, il devint paralysé des mains et ne pouvait plus peindre. Un mois plus tard, il expirait dans son lit.
Le gouvernement « ultra » de Charles X, n’étant pas enclin à lui pardonner son passé, s'opposa fermement au retour de sa dépouille en France.
Son corps n’a jamais reposé dans la collégiale Sainte-Gudule et ne fut pas inhumé aux cimetières bruxellois de Saint-Josse-ten-Noode ou de Schaerbeek comme je le vois indiqué dans de nombreux sites.
Me fiant aux archives bruxelloises que j'estime irréfutables, la dépouille de David fut donc embaumée puis inhumée dans un cercueil de plomb et de chêne en grande pompe dans le cimetière de la collégiale Saint-Michel et Sainte-Gudule de Bruxelles dans l’attente de son éventuel rapatriement en France. Son monument fut érigé grâce à une souscription internationale.
En 1882, à la demande d’un de ses petits-fils, le monument et le cercueil furent transférés dans le nouveau cimetière d’Evere où ils furent installés à un emplacement d'honneur: le Rond-point des Bourgmestres.
En 1971, la concession a été prolongée de cinquante ans.
Tractations franco-belges autour d'une dépouille...
Pour le bicentenaire de la Révolution française, l’échevin socialiste Freddy Thielemans proposa de rendre les restes du peintre à la France. Afin de s’assurer qu’il avait bien un corps à offrir, Thielemans fit ouvrir le caveau qui contenait bien un cercueil. Mais la proposition de l’échevin avait déclenché une polémique houleuse jusqu’au plus haut de l’état qui la refusa. Pas question de rendre à la France le moindre morceau! L’information n’avait pas dû passer la frontière car, un beau matin, le personnel du cimetière d'Evere eut la surprise de voir un corbillard français attendre patiemment qu’on lui remette le corps !
Mettant un terme aux demandes de la France, dans les années 1990, la Belgique, s’accrochant à la dépouille de David, accepta le transfert de celle du proscrit Marc-Guillaume Vadier à condition… de conserver celle du peintre.
Enfin en 1994, dans le cadre de la conservation du patrimoine immobilier, en raison de sa valeur historique, esthétique et artistique un arrêté déclara sa sépulture comme « Monument classé ».
Bref, nous ne sommes pas prêts de le revoir !
Son cœur, ramené à Paris par son fils, fut déposé au Père-Lachaise (56ème division) aux côtés de sa femme Charlotte (1765 ?-1826) dont il était séparé.