Il ne réalisa pas que les révolutionnaires comme Robespierre jalousaient l’attrait qu’il avait sur les foules parisiennes et exécraient son amour du plaisir et sa légéreté de mœurs trop emblématiques d’un temps révolu. Et même si pour prouver sa foi en la Révolution, il fit preuve d’un grand cynisme qu’il expliquait en disant qu’« Entrer dans la machine du cynisme m’a permis d’en comprendre l’incohérence », Séchelles fut, quelque part, toujours en porte-à-faux vis à vis de ses contemporains.
Ce qui fit perdre la tête à Hérault de Séchelles ? Son fondement assis entre trois chaises : son origine sociale, son désir intellectuel de voir les choses changer et sa nature profonde plus proche la désinvolture que de la rigueur révolutionnaire.
Marie-Jean, amateur de plaisirs, continuait à charmer son monde sauf l’Incorruptible qui se méfiait de lui et n'apprécait guère ses succès comme celui qu’il remporta lors de la fête du 10 août 1793 en tant que président de la Convention. Robespierre n’aimait pas qu’on lui fasse de l’ombre. Il n’est donc pas surprenant que celui-ci ait saisi la première occasion pour se débarrasser du personnage.
Ayant remplacé Danton aux Affaires étrangères, Séchelles avait discrètement négocié avec l’Autriche l’éventuelle libération de la reine. Accusé alors par Saint-Just, qui ne supportait sa désinvolture au travail, de livrer à l’ennemi les délibérations du Comité diplomatique, Séchelles, considéré comme traître ne dut sa survie qu’à sa popularité. Mais Robespierre ne désarma pas. Expédié en mission le temps de se faire oublier des foules parisiennes, le couperet l’attendait à son retour. Là, sous divers chefs d’inculpation, il fut décrété d’arrestation en même temps que Danton dont il était l’ami.
Se défendant sans conviction, un pied dans la Révolution, un autre dans ce monde qui disparaissait, ce genre d’homme n’était pas fait pour ce qu’on attendait de lui.