Mais revenons à notre Louvois* qui compte parmi les plus célèbres ministres du règne de Louis XIV.
*Il tenait son titre du marquisat de Louvois acheté par son père en 1656.
Fils du chancelier Michel Le Tellier, dès 1661, son père l’associa à sa charge de secrétaire d’Etat à la Guerre. Dès 1666, il entama une réforme de l’armée : réorganisation des compagnies des gardes du corps, création de la masse d’entretien des troupes, réglementation de la justice militaire, création d’une compagnie de cadets en 1682, adoption de l’uniforme avec ceinturon (1683) etc.
L’armée lui est redevable d’autres innovations intelligentes : introduction de la baïonnette, création d’écoles d’artillerie ; obligation pour le Dépôt de la guerre de recevoir tous les documents intéressants l’histoire militaire du royaume.
Hiérarchie et discipline furent ses maîtres-mots : terminés les pillages militaires prenant pour prétexte les retards dans le versement des soldes ou l’absentéisme régulier des officiers...de quoi ne pas être apprécié par les militaires...
Parmi toutes ses créations utiles, on lui doit celle des Invalides voulut par le roi (► Eglise du Dôme et
Intriguant contre Jean-baptiste Colbert pendant l'« Affaire des poisons », en 1683, à la mort de ce dernier, il obtint sa place de surintendant des Bâtiments, Arts et Manufactures de France ce qui lui permit de prendre en main la construction du château de Versailles. En 1690, Louvois qui eut aussi le mérite de s’entourer d’excellents collaborateurs tel Vauban, fut chargé des haras et des fortifications côtières.
Ce que son père avait pour lui, il le répéta pour son fils, Barbezieux, qu’il associa au secrétariat de la Guerre en 1687.
Administrateur actif et intelligent, le ministre était aussi, dit-on, ambitieux, égoïste et hautain, autoritaire et parfois violent.
Cependant, ses défauts et surtout les odieuses dragonnades, qu’il organisa contre les protestants pour les forcer à se convertir, lui attirèrent la haine de Mme de Maintenon, finirent par blesser le roi et jeter une ombre sur ses mérites.
Ayant eut le bon goût de mourir d’une crise cardiaque la veille de sa disgrâce, l’honneur fut sauf.
Sa veuve, Anne de Souvré, obtint la faveur de le faire inhumer en l’église Saint-Louis-des-Invalides. Mort brutalement cinquantenaire, aucun mausolée n’avait été prévu.
Anne de Souvré entama alors le projet d’une magnifique sépulture au couvent des Capucines de la place Vendôme où elle fit aménager la chapelle des Louvois par Jules Hardouin-Mansart. Elle commanda un superbe tombeau à des artistes œuvrant au château de Versailles : Girardon, Desjardins. Le résultat fut si réussi que la chapelle des Louvois passait pour être l’une des plus admirables de Paris.