Berthier toujours aux côtés de l’Empereur, Berthier l’ombre de l’Empereur qu'il avait représenté pour son mariage avec Marie-Louise. Berthier le plus indispensable, le plus comblé mais aussi le plus réprimandé. Berthier le dévoué, l’intègre, le courageux, le confident, le travailleur infatigable, le formidable organisateur, le technicien hors- pair, mais aussi le tacticien et le stratège limité. On ne peut être parfait en tout.
En 1814, l’ami de toujours accusait déjà soixante et un an. Fatigué de toutes ses chevauchées, de toutes ses campagnes dont les dernières avaient vaincu Napoléon, le maréchal n’aspirait plus qu’à une tranquillité bien méritée. Deux jours après l’abdication de l’Empereur, Berthier lui demanda l’autorisation de se rendre à Paris mais lui promit de revenir le lendemain. « Il ne reviendra pas » prononça alors Napoléon sur la porte qui se refermait. Effectivement, le prince de Neuchâtel et de Wagram avait choisi. Maintenant il attendait Louis XVIII à Compiègne pour lui formuler son ralliement à la monarchie.
Napoléon, en dépit de quelques instants de mépris à son égard, avait conservé de l’estime pour le personnage. Et puis débarquant de l’île d’Elbe, comment se passer du meilleur organisateur de son armée dans sa reconquête ? Il lui annonça son retour en le priant de le rejoindre. Après un moment de perplexité, Berthier choisit de nouveau le roi qu’il accompagna à Gand avant de rejoindre sa femme et ses enfants famille dans son palais de Bamberg en Bavière.
L’Empereur accusa le coup, mais jusqu’à sa mort resta persuadé qu’avec Berthier près de lui, Waterloo n’aurait pas été Waterloo. Pour le moment, la « morne plaine » n’avait pas encore englouti le rêve napoléonien et Berthier, installé en haut de son château, observait les mouvements de troupes russes en route pour la France que le hasard faisait s’agiter presque sous ses fenêtres.
Singulière vision pour le maréchal rayé des listes qui, déjà d’un naturel angoissé, avait sombré dans la dépression depuis le retour de Napoléon. A quels tourments son esprit se livrait-il quand il prit un fauteuil à roulettes pour s’asseoir près de l’embrasure d’une fenêtre ? On ne le saura jamais. Son corps fut retrouvé peu après au pied du château, la tête fracassée. Au regard du contexte, entre le suicide, on le disait dépressif et angoissé, et l’assassinat, l’accident n’avait pas beaucoup de place. Jamais l’affaire ne fut élucidée. C’était dix-sept jours avant Waterloo.
Dans le conflit opposant la France à l’Europe coalisée, le prince-électeur de Bavière s’étant allié à Napoléon, celui-ci l’avait fait couronner roi de Bavière en 1806. Deux ans plus tard, Berthier avait épousé Élisabeth de Deux-Ponts-Birkenfeld (membre de la Maison de Wittelsbach).
Après un service funèbre en la cathédrale de Bamberg, il y fut inhumé dans la crypte. Par la suite il fut transféré dans le caveau de famille du duc Guillaume au couvent des bénédictins de Banz, où il resta jusqu’en 1884. A cette date, dans l’impossibilité de ramener sa dépouille en France, le choix de sa tombe se porta sur la dernière résidence des Wittelsbach, dans le caveau de la l'église paroissiale Sankt Quirinus rattachée au cloître du même nom. Rien n’indique sa présence.
Anachronisme de l’histoire :
Trente quatre ans, presque jour pour jour, après la mort d'Alexandre, son épouse Elisabeth (1784 – 1849) mourut du choléra à Paris.
Après son service funèbre en l'église des Missions Etrangères, sa dépouille fut déposée provisoirement dans la chapelle, à la place occupée quelques mois plutôt par Châteaubriand. Elle fut ensuite transférée dans le caveau des Berthier de Wagram du cimetière de Boissy-Saint-Léger où la famille possède un enclos ne laissant aucune visibilité de l’extérieur.
Ainsi, la Maréchale, Princesse de Bavière, repose-t-elle en France tandis que le maréchal de France Berthier, demeure au milieu des ducs de Bavière...