Ce que la rumeur populaire résuma en un « Votons pour le plus bête », formule qui traduisait bien le fond de la pensée à défaut des vrais propos…
Bien que successivement député de la Côte-d'Or, préfet de la Seine-Inférieure, sous-secrétaire d'État aux Travaux, ministre des Travaux publics et ministre des Finances, Sadi Carnot était à peu près inconnu, mais avait le grand avantage d'être le petit-fils du grand Lazare Carnot.
Carnot accepta de poursuivre la tradition de l’effacement du pouvoir présidentiel tout en usant de son rôle d’arbitre.
Connu pour son respect de l’Eglise, il favorisa le ralliement de nombreux catholiques au régime républicain (1890). Son mandat fut principalement marqué par l'agitation boulangiste - il signa le décret de retraite d’office du général Boulanger – et les scandales de l'affaire du canal de Panama (1892). Il prit l’habitude de multiplier les voyages dans les régions pour étudier les problèmes locaux. A l’extérieur, il fut l'artisan de l’alliance-franco-russe.
Depuis 1881, des mouvements anarchistes avaient choisi l’action directe via quelques attentats sur le territoire français. Mais à partir de 1892, encouragée par le scandale financier de Panama, commença la véritable période des attentats qui transforma des faits jusque là isolés en une véritable menace de déstabilisation du pouvoir en attaquant directement ses détenteurs.
Ce fut une série d'attentats à la bombe perpétrés par Ravachol qui déclencha la vague de terrorisme anarchiste. Le 9 décembre 1893, Auguste Vaillant lança une bombe de la tribune à la chambre des députés mais sans faire de victimes. Dans les jours qui suivirent, un ensemble de lois furent adoptées pour sauvegarder « la cause de l’ordre et celle des libertés publiques ». Ces mesures, restreignant les libertés individuelles, furent qualifiées par l’opposition de « lois scélérates ».
Jusqu’à présent, l’usage de la justice républicaine voulait qu’on ne fasse pas exécuter quelqu’un qui n’avait pas tué lors d’un attentat. Malgré cela, Sadi Carnot qui pensait que sa "faiblesse multiplierait les attentats" avait refusé la grâce à Auguste Vaillant qui fut guillotiné en février 1894, ce que les anarchistes ne lui pardonnèrent pas.
Alors, l’un d’entre eux, Sante Caserio, profita de la présence du président à Lyon, venu à l’occasion de l’exposition coloniale, pour lui apprendre le respect des traditions et venger son camarade.