Contrairement à Ravachol, Vaillant ou Caserio, Emile Henry avait poursuivi des études brillantes et son avenir aurait pu se dessiner sous les meilleurs auspices. Ses racines en décidèrent autrement. Son père, Fortuné Henry, fut une figure de la Commune de Paris. Aujourd’hui un peu oublié au profit de plus notables, l’homme n’en avait pas moins été condamné à mort par contumace. Réfugié en Espagne, où naquirent Emile et son frère Jules, il revint en France après l’amnistie de 1880.
Emile fut donc bercé dès son enfance par les idées paternelles. Sensible aux injustices sociales, il collabora au journal l’En Dehors.
D’abord hostile au terrorisme aveugle, Emile prit progressivement conscience que la propagande écrite ou orale ne suffirait pas pour riposter à la violence des patrons et des politiciens. La répression terrible qui s’abattait contre le moindre mouvement de grève ; les privations des travailleurs alors qu’éclatait le scandale de Panama mettant en évidence la corruption du milieu politique et des industriels ; le vote des
« lois scélérates » dirigées contre les « associations de malfaiteurs » c’est-à-dire les anarchistes, furent autant d’éléments qui firent basculer Emile dans la « propagande par le fait » : le terrorisme, dont la figure de proue était Ravachol.
Lors de son procès en avril 1894, il avoua à ses juges : « Je suis anarchiste depuis peu de temps. Ce n’est guère que vers le milieu de l’année 1891 que je me suis lancé dans le mouvement révolutionnaire ». Il n’empêche…
Le 8 novembre 1892, en soutien aux mineurs de Carmaux, il déposa un engin explosif à la Société des mines de Carmaux à Paris. Manipulée maladroitement par des policiers, la marmite à renversement explosa dans le commissariat faisant six morts.
Le 12 février 1894, il jeta une bombe au milieu du café Terminus près de la gare Saint-Lazare : deux morts.