Accident ou acte criminel ?
De retour de leur propriété de Médan où ils avaient passé l’été, les Zola retrouvaient leur appartement parisien de la rue de Bruxelles. En cette soirée du 28 septembre, il faisait très froid et le feu tirait mal. Emile demanda à faire venir le ramoneur et, après son intervention, Emile et Alexandrine se couchèrent.
Dans la nuit, ne sentant pas très bien, ils pensèrent être victimes d’une intoxication alimentaire. Un peu plus tard, Emile, n’y tenant plus, ouvrit la fenêtre et s’effondra tandis que sa femme perdait elle aussi connaissance.
Le matin du 29, comme ils ne répondaient pas, on défonça la porte de la chambre où l’on trouva Mme Zola en râles sur le lit et son mari gisant devant la fenêtre.
Quand le commissaire de police constata que des gravats obstruaient le conduit de cheminée il conclut à une intoxication par oxyde de carbonne. La cause était donc entendue.
Mais, en 1953, le journaliste Jean Bedel « rouvrit l’enquête » et le dossier classé à l’époque des faits sur la mort de Zola. Suite à des articles qu’il avait fait paraître dans Libération, il reçut le témoignage d’un Monsieur Héquin qui avait bien connu le ramoneur chargé des travaux chez les Zola.
Et là stupeur ! C’était lui, selon ses propres dires, qui aurait bouché la cheminée en profitant du va et vient d’ouvriers qui travaillaient sur les toits et qui l’aurait débouchée tôt le lendemain matin. La mise au point de ce crime semble trop complexe pour être tout à fait recevable, toutefois elle laisse entrevoir une réelle possibilité d’attentat. L’écrivain avait reçu plusieurs lettres de menaces et, déjà en 1901, une bombe artisanale avait été découverte dans son immeuble.
Plus d’un siècle après, bien que la piste criminelle ou malveillante soit toujours envisagée, la vérité ne sera sans doute jamais connue.
Tandis que la presse antisémite exultait, l’annonce de sa mort générait une vague d’émotion qui submergea la France, et le monde entier. Les hommages internationaux et unanimes se bousculaient sur son cercueil.
Emile Zola fut inhumé au cimetière Montmartre le 5 octobre dans un calme relatif. D’ailleurs, afin d’éviter toute provocation, Madame Zola, qui avait survécu, consciente du risque, avait prié Alfred Dreyfus de ne pas paraître aux obsèques. Cinquante mille personnes accompagnèrent le cercueil jusqu'au cimetière. Devant sa tombe, Anatole France déclara : « Envions-le, sa destinée et son cœur lui firent le sort le plus grand : il fut un moment de la conscience humaine. »