Emprisonnée pour dettes, en 1776, et renvoyée de la Comédie-Française, elle y retrouva sa place grâce à l’appui de Marie-Antoinette. Restée fidèle à la monarchie durant la Révolution, elle fut enfermée avec d’autres actrices à Sainte-Pélagie (les acteurs étaient enfermés aux Madelonnettes) et ne dut sa survie qu’à la chute de Robespierre.
De nouveau sur scène en 1799, Bonaparte la pensionna richement et la chargea d'organiser les troupes de comédiens français qui devaient parcourir l'Italie durant sa campagne.
Mais avec le temps, les ennuis financiers s’accumulèrent et, criblée de dettes, elle se réfugiea dans l’enclos du Temple avant de s’installer avec une aventurière, Mlle Sourques. Lesbienne notoire qui n’hésitait pas à s’afficher avec ses conquêtes, on peut penser que, outre sa profession de comédienne, cela eut un impact sur le clergé au moment de ses obsèques. Car à cette âme charitable, qui s’était rapprochée de la religion, prodiguait ses bienfaits aux pauvres, on osa refuser les derniers devoirs.
Pendant deux jours parents et amis avaient vainement insisté auprès du curé de Saint-Roch, paroisse de la défunte, pour qu’il y accepte le service funèbre. Le 17 janvier, devant le refus obstiné du prêtre, on fit appel à Louis XVIII. En était-on revenu à excommunier les comédiens ? Une nouvelle affaire Chameroy ? Devant le domicile de l’actrice l’agitation montait. Quand se répandit la nouvelle qu’il fallait renoncer à l’église pour aller directement au cimetière ce fut une montée de cris d’indignation : une femme dont les talents et la bienfaisance s’étaient attiré l’estime générale ! Un scandale ! Et tout le monde de se précipiter vers Saint-Roch pour obtenir par la force ce que n’avait pu remporter la prière. Le char funèbre, protégé par la foule arriva, jusqu’à l’église. Par peur d’être tenus responsables de ce désordre, les comédiens du Français restaient calmes.
Une fois l’église investie, le cercueil, dont on se disputa le port, fut déposé au pied de l’autel. Enfin les instructions du roi arrivèrent ordonnant de rendre à la tragédienne les devoirs funèbres dus à tout chrétien. Tonnerre d’applaudissements. Au cri de « Le curé ! Le curé », celui-ci fit son apparition et la cérémonie eut lieu.
Après la station d’usage devant le Théâtre Français, toujours suivi par une foule immense, le convoi parvint au cimetière du Père-Lachaise où Mlle Raucourt fut inhumée au milieu de l’émotion générale.
Le buste en marbre, signéJean-Jacques Flatters, qui ornait sa tombe a disparu dans les années 2000. Le meilleur repère pour trouver sa sépulture: les haies de végétation qui l'entoure.