Il était le seul survivant des enfants de Charles le Chauve, contre lequel, dans sa jeunesse, il se révolta pour arracher la couronne d’Aquitaine qu’il obtint d’ailleurs en 867.
Maladif, affligé d’un bégaiement qui le rendait peu redoutable aux factieux, l’arrière-petit-fils de Charlemagne présentait une figure bien pâle à l’Histoire qui le retint aussi sous le sobriquet de Fainéant.
Dès la mort de son père, des mécontents contestèrent sa couronne, faction que s’empressa de rejoindre sa belle-mère, Richilde, dans l’espoir que les divisions qui s'annonçaient serviraient l'ambition de son frère, le duc Boson, roi de Provence.
Conscient des dangers qui menaçaient son trône, Louis disposa des places et des trésors de son père pour s’aliéner des partisans. Cette conduite devint le premier grief qu'alléguèrent contre lui les seigneurs convaincus qu'il ne pouvait rien accorder sans leur consentement. En effet, depuis l'usurpation de Pépin le Bref, la couronne était devenue élective, et le sacre était regardé comme une condition nécessaire du pouvoir royal ; or, Louis, non reconnu par les seigneurs, non sacré par les évêques, n'était rien.
L’aide qu’il reçut fut inattendue. Richilde, s'étant aperçue que les opposants ne la flattaient que pour l'éloigner du roi, et craignant de ruiner les chances de Boson en se pressant trop de l'élever, montra le testament par lequel Charles le Chauve appelait son fils Louis à lui succéder, et lui remit l'épée de Charlemagne, la couronne, le sceptre, le manteau royal. Ces signes du pouvoir ayant rapproché de lui les esprits divisés, il fut sacré à Compiègne par Hincmar, archevêque de Reims, au commencement de décembre 877.
Pendant qu’il laissait les évêques, notamment Hincmar, gouverner à sa place, l’aristocratie continuait à profiter de sa faiblesse et les Normands poursuivaient leurs raids. Son règne, qui s’annonçait pitoyable, fut de courte durée : quatorze mois à partir de son sacre. Ses fils, Louis et Carloman, nés de son union avec Ansgarde, lui succédèrent.
Alors qu’il s’apprêtait à partir en expédition contre Bernard de Gothie, comte d’Autun et de Mâcon, rebelle à son autorité, il mourut à Compiègne laissant enceinte sa seconde épouse, Adélaïde. Ce sera un fils, le futur Charles III le Simple.
Louis II le Bègue fut inhumé au milieu de la nef de l’abbatiale Saint-Corneille de Compiègne fondée par son père. En 1267, Louis IX jugeant inconvenant que ses cendres et celles des autres défunts royaux soient foulées aux pieds par le peuple qui remplissait l’église, fit transférer les tombeaux à droite du chœur lors d’une grande cérémonie. En 1647, le caveau fut ouvert lors de travaux. On y découvrit quatre pierres épaisses, sans aucune inscription, couvrant des cercueils en bois très épais ne contenant que des cendres, mais correspondant exactement au nombre de personnalités ensevelies dans ce lieu. Les restes de Louis II étaient donc bien là.
A la Révolution, les cercueils ne furent pas profanés. Le fait qu’ils soient en bois et non en plomb les protégèrent certainement, mais on peut être surpris qu’ils n’aient pas été vidés de leur contenu. On se contenta de brûler des statues en bois représentant plusieurs souverains sans qu’on sache s’il s’agissait de gisants ou de simples effigies.
Dans le même temps, pour niveler le sol de l’église on fit disparaître les marches d’accès au caveau qui fut probablement comblé par les déblais. Et depuis ?
Lorsque l’église fut détruite, que fut nivelé le pavé de la rue Saint-Corneille qui passe au-dessus du caveau, on ne s’est pas préoccupé des dépouilles qui, en toute logique, doivent toujours être sous le milieu de la rue…